C'est ce qu'a indiqué hier à Alger le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, à l'occasion d'une journée d'étude sur «la sécurité sociale des non-salariés». La Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés (Casnos) veut faire le plein. Les clients potentiels manquent à l'appel. Sur les 3 millions de non-salariés dont bon nombre exerce une profession libérale (médecins, avocats huissiers, experts-comptables...) qui activent en Algérie, seul 1 million en fait partie. Deux millions sont dans la nature. Les pouvoirs publics veulent battre le rappel. Une journée d'étude sur «la sécurité sociale des non-salariés» réunissant les cadres de la Casnos a été organisée hier. Une occasion de faire le bilan et trouver des réponses à cette défaillance. «En dépit du «grand développement» enregistré par cette caisse depuis son retour en 1995, seul un tiers du potentiel des non-salariés estimé à près de trois millions, est cotisant.» a fait constater d'emblée le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Y a-t-il une raison à cela? «Cet état de fait est imputé à la faible attractivité'' des pensions de retraite, à la qualité de la communication et au mode organisationnel en vigueur par le passé» a indiqué Mohamed El Ghazi à l'occasion de cette rencontre. Qu'a-t-on fait pour y remédier? «Les pouvoirs publics ont initié des mesures réglementaires et procédurales visant à améliorer les performances de gestion des différentes activités de la Caisse dont le rôle est appelé à être plus important dans un contexte marqué par une hausse des travailleurs non-salariés», a-t-il poursuivi. En quoi consiste-t-elles plus précisément? «La première mesure prise consiste en la refonte du décret 85-35 du 5 février 1985 inhérent à la sécurité sociale, de sorte à assurer davantage d'options aux non-salariés quant au choix de l'assiette de cotisation», a expliqué M. El Ghazi. Pour ramener tout ce beau monde au bercail et à plus de raison, il est prévu d'améliorer les pensions. Comment? «L'amendement en question prévoit également de porter le montant maximal de la cotisation de 8 à 20 fois le Salaire national minimum garanti (Snmg) pour avoir une meilleure retraite», a-t-il précisé. La seconde disposition prévue dans la loi de finances complémentaire (LFC) 2015 concerne «l'exonération totale» des majorations et des pénalités de retard ainsi que l'octroi d'échéanciers de paiement pour les non-salariés débiteurs. Comme il est attendu un «meilleur cadre de lutte contre la fraude de déclaration et de paiement de cotisations, de même qu'une évolution du bénéfice des prestations», a également souligné le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Pour sensibiliser les non-salariés à exercer en conformité avec la loi, la Casnos envisage de se faire un lifting. Il est question d'une «refonte d'une organisation centralisée en faveur d'une autre déconcentrée et plus proche des préoccupations des assurés sociaux», a confié le ministre du Travail. Un nouvel organigramme verra le jour. Il aura pour mission une «meilleure proximité» du citoyen, a-t-il ajouté. Entre les travailleurs qui exercent sans couverture sociale et les non-salariés non déclarés, le travail au noir s'apparente à un sport national en Algérie. Il met en exergue tout le chemin qui reste à parcourir pour que soit ancrée dans les mentalités une véritable culture des relations de travail, de l'obligation et du droit qu'elle confére. Son respect est un gage pour l'avenir. Sinon? Il y va du «sort de générations auxquelles il faut garantir un régime de sécurité viable et pérenne basé sur la solidarité intergénérationnelle» a prévenu Mohamed El Ghazi.