L'Algérie des médias est prise d'une hystérie collective. Un délire médiatique alimenté par une cohorte d'«experts» incompétents et malintentionnés. Depuis le 13 septembre, date de la mise à la retraite du premier responsable du DRS, le général Mohamed Médiene, la presse écrite et audiovisuelle s'est déchaînée. Les articles, les débats télévisés, les «scoops», les images, les vidéos, les commentaires de toutes sortes inondent l'espace médiatique et la Toile algérienne. L'on a assisté à un tel déballage que la presse étrangère s'est sentie, elle aussi, l'obligation de mettre sa touche et s'en est allée reprendre à son compte les «étranges» informations et des scénarii invraisemblables, dignes des films de série B.La proximité dans le temps des mises à la retraite des généraux Boustila et Mediene, censée diriger les commentateurs sur une lecture plus réaliste de ce qui se trame en haut lieu, n'y a rien fait. On oublie Boustila et tout le monde se concentre sur les relations prétendument «orageuses» entre le président de la République et l'ancien chef du Département du Renseignement et de la Sécurité. On prête à l'un et à l'autre des intentions diaboliques, on construit des profils de «criminels politiques» et de «manoeuvriers machiavéliques». A lire tout ce qui s'écrit dans les journaux et sur le Net, on est amené à penser que Abdelaziz Bouteflika et Mohamed Mediene passent leur temps à raconter leur vie à tout le monde, comme s'ils animaient des blogs personnels sur Internet où ils font état de leurs humeurs au quotidien. L'écrasante majorité de ce qui se raconte sur les deux hommes sort en réalité de l'imaginaire de pseudo-analystes qui, n'ayant rien à se mettre sous la dent, inventent des informations. Tous ces scénarii sur des complots ourdis dans une villa sur les hauteurs d'Alger, des accusations proférées par tel général contre l'un de ses collègues et «l'animosité» qui existerait entre deux hauts fonctionnaires des services, les peaux de bananes et Dieu sait quoi encore comme inventions circulent à grande vitesse sur le Net et parasitent considérablement la scène nationale, de sorte à ce que tout le monde soit amené à croire que l'Algérie est gouvernée par des individus sans foi ni loi, tout juste bons à se faire la guerre pour une portion de pouvoir, quitte pour ce faire, à provoquer la ruine du pays. En fait, depuis le 13 septembre dernier, l'Algérie des médias est prise d'une hystérie collective où tout le monde contamine tout le monde et une véritable course à qui trouve le scénario le plus «horrible» pour décrire ce qui se passe au palais d'El Mouradia. Ce délire médiatique est alimenté par une cohorte d' «experts», au mieux incompétents et au pire incompétents et malintentionnés. Ce déchaînement médiatique, d'une violence ahurissante, vient noircir un tableau déjà très sombrement dépeint par les apprentis analystes qui se sont découverts une grande expertise en matière d'économie et s'en sont allés prédire un avenir immédiat des plus catastrophiques pour l'Algérie. Ils le disaient il y a quelques années et avec la chute du prix du pétrole, ils pensent tenir le bon bout pour faire le buzz en déroulant des scénarii apocalyptiques, concernant des lendemains plus que moroses pour l'ensemble du peuple algérien. Certains ont même été jusqu'à voir dans le déploiement des forces de sécurité à Alger, la preuve de l'éclatement prochain d'émeutes de la faim dans la capitale. Aucune analyse, aucun commentaire n'est objectif, personne pour évoquer les aspects positifs de la situation. Tous ne parlent que du malheur qui va s'abattre sur le pays. Et là aussi, le paysage médiatique est pris d'une folie «ravageuse». La chasse au «pouvoir» est ouverte. A celui qui dit la phrase la plus blessante pour qualifier la situation socio-économique du pays. En fait, l'ouverture médiatique, l'absence de toute censure sur l'Internet et le gouvernement qui ne sait pas ce que communiquer veut dire, ont créé une situation tout à fait inédite en Algérie et assez proche de ce qui se passait en Tunisie et en Egypte à la veille de leurs «révolutions». Le pire c'est qu'en Algérie, beaucoup de ces animateurs de l'apocalypse ne savent pas ce qu'ils font. Ça les amuse de dire du mal. C'est branché, comme on dit.