On n'a pas besoin d'un schéma légendé pour constater que les décisions du ministre de la Santé sont ignorées et bafouées sans la moindre réticence. En termes d'endurance et de fuite en avant dans le domaine de la bureaucratie, certains responsables de la santé dans la wilaya de Tizi Ouzou sont de redoutables sprinters. Il se passe des choses pour le moins curieuses au niveau de l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) en cardiologie et chirurgie cardiaque de la ville de Draâ Ben Khedda, «Petit Omar». Un médecin spécialiste, jeune, fougueux, plein d'entrain et de vivacité, le docteur Taziboa, envoyé par le ministère de la Santé, muni de documents officiels attestant cette mutation dûment signée de la main du directeur des ressources humaines au ministère de la Santé datant du 5 juillet 2015, n'arrive pas à prendre ses fonctions à ce jour. On le noie dans les méandres de la bureaucratie au lieu de le laisser s'adonner à son noble métier de chirurgien. Dans un droit de réponse que nous a envoyé la direction de la santé suite à l'article que L'Expression a publié, le 14 septembre dernier sur ce même sujet, qui tand à devenir un feuilleton, il a été noté que «le cas du Dr Taziboa, praticien spécialiste en chirurgie cardiaque, affecté à cet établissement, le problème résidait dans le fait de la non-disponibilité du poste budgétaire dans le tableau des effectifs dudit établissement». Il se trouve que ce praticien a été affecté par le département de M.Boudiaf sur la base d'une enquête et démarche transparente et concertée. Ce droit de réponse laisse supposer alors qu'il n'y a pas de coordination dans les services du ministère de la Santé, ce qui par ailleurs est très grave. Le document envoyé à notre rédaction ajoute au sujet du même médecin: «Une fois alertée, la direction de la santé et de la population a pris en charge et réglé très rapidement cette situation.» Hier, joint par téléphone, le médecin en question n'a pas été installé. Un responsable de l'EHS de Draâ Ben Khedda a encore une fois passé outre cette décision contenue dans le document qui nous est parvenu. Premier bilan: une décision signée par le directeur des ressources humaines, un document signé par le directeur de la santé M.Boudaâ Abdenasser, tous deux attestent que le cas du Dr Taziboa a été réglé. Sur le terrain, c'est tout autre chose. On n'a pas besoin d'un schéma légendé pour constater que les décisions du ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, sont ignorées et bafouées sans la moindre réticence. Que faut-il alors, que le ministre lui-même intervienne pour une banale affaire? Que le médecin quitte le pays et aille sous d'autres cieux plus cléments? Que les populations se révoltent? C'est parce que le calvaire de ce médecin dure depuis le mois de juillet denier et qu'il a fait état de sa situation dans la presse nationale pour faire entendre ses doléances, qu'un responsable de cette structure exige de lui de faire un démenti dans les journaux avant de signer son PV d'installation! A supposer que ce médecin fasse son démenti. Et si les rédactions des journaux refusent de le publier, en préférant s'en remettre à la justice, ce qui est de leur droit. Que se passera-t- il alors dans ce cas? Il ne sera pas installé et ce seront les patients - des enfants - qui vont trinquer. Avons-nous le droit de faire subir aux malades des contraintes dont ils sont en rien responsables? Assassine bureaucratie!