«Le secteur aura toujours besoin de recruter. Notre département a élaboré une étude prospective qui définit les besoins en personnel enseignant, par matière et par niveau jusqu'à 2030.» (2e partie et fin) Le retard dans la réception de nouveaux établissements scolaires a été abordé par la journaliste de TSA qui eut droit à une précision de taille: «Tout d'abord, la réalisation des infrastructures scolaires relève des APC pour ce qui est des écoles, et de la direction du logement et des équipements publics (Dlep) pour ce qui est des collèges et des lycées. Les retards concernent principalement le cycle primaire et c'est justement là que le secteur connaît le plus de pression en raison, également, de la reprise de la natalité, notamment depuis les années 2000. Les causes de ces retards sont multiples. Elles sont liées, essentiellement, au manque de main-d'oeuvre et d'entreprises de réalisation ainsi qu'à la difficulté de management et la multiplicité des chantiers.» Pour Nouria Benghebrit, aucun projet de construction d'établissements scolaires n'a été gelé dans le secteur de l'éducation alors que la surcharge ne concerne qu'un nombre limité de divisions pédagogiques, identifiées dans certaines poches seulement: «Le taux de surcharge par établissement, au niveau de l'enseignement obligatoire, est faible. Mais nous comprenons le stress et l'insatisfaction des parents dont les enfants sont dans les classes concernées.» Des mesures palliatives ont été prévues à travers la double vacation partielle pour le primaire, les classes mobiles pour les moyen et secondaire à un moment où la disponibilité d'une ressource humaine compétente compense le déficit du confort: «Des travaux très sérieux ont prouvé que quand le nombre des élèves est restreint, la pression de l'enseignant sur l'élève peut induire des conséquences négatives. Il faut être extrêmement ouvert et ne pas avoir une vision automatique ou schématique. Des enfants suivis individuellement échouent au bac.» Elle invite, par conséquent, le corps enseignant à fournir plus d'efforts pour aller vers la qualité à partir des nobles principes de l'Ecole algérienne, et en application du programme du secteur établi sur les trois leviers essentiels, à savoir la refonte de la pédagogie, la gouvernance et la professionnalisation par la formation. La mise en application des propositions en relation avec la réforme de l'école sera au centre de l'entretien qui révèlera que certaines d'entre elles «s'inscrivent dans la droite ligne des mesures déjà entreprises par le ministère et confortent notre action à l'exemple de la généralisation de l'éducation préparatoire, la réécriture des programmes, la régulation, la généralisation de 'tamazight'', l'ancrage du patrimoine national.» Bien d'autres, comme l'organisation des examens, feront l'objet d'une expertise avant d'être soumises à l'appréciation du gouvernement. Questionnée sur les recommandations des experts concernant la «darrija», Nouria Benghebrit insistera sur le fait que tout se fait conformément à la Constitution et à la loi d'orientation sur l'Education nationale qui «stipulent que la langue arabe est la langue des enseignements et des apprentissages. Nul ne peut remettre en cause ce principe». Pour la ministre de l'Education nationale, les recrutements dans son secteur ne seront pas gelés nonobstant la crise économique actuelle. A fortiori lorsque les départs à la retraite sont importants et l'évolution des taux de scolarisation et des constructions scolaires particulièrement tangibles: «Le secteur aura toujours besoin de recruter. Notre département a élaboré une étude prospective qui définit les besoins en personnel enseignant, par matière et par niveau jusqu'à 2030.» Les relations avec les syndicats, la ministre les expose avec la sérénité que nous lui connaissons: «C'est avec les syndicats eux-mêmes que nous avons entamé cette année scolaire 2015/2016 en les réunissant le 21 juillet avec en perspective d'autres rencontres bilatérales dès la mi-octobre.» Des engagements ont été pris et elle compte les honorer scrupuleusement avec l'espoir à peine contenu d'assurer une scolarité en complète rupture avec les désagréments lourds de sens occasionnés par des arrêts de cours. Abdelhamid Abdeddaïm a raison de dire: «Faisons en sorte de ne pas nous tromper de cible. Notre ennemi, aujourd'hui, c'est l'illettrisme qu'il faut prendre à bras-le-corps et notre courageuse ministre semble en prendre la démarche opportune et scientifique qui sied à cette situation alarmante et désastreuse de notre école.» [email protected]