Les deux pays veulent relancer les économies de leurs pays L'Algérie et la Tunisie déploient des efforts pour relancer leurs économies et c'est ensemble qu'ils semblent concevoir cette démarche. Le ministre tunisien de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, Zakaria Hamad, effectuera une visite en Algérie les 27 et 28 septembre 2015, à l'occasion de la tenue des travaux de la 9e réunion du Comité bilatéral algéro-tunisien, chargé du suivi et de l'évaluation de la coopération industrielle. Cette réunion s'inscrit, selon un communiqué du ministère de l'Industrie et des Mines, «dans le cadre du renforcement des relations économiques entre l'Algérie et la Tunisie, notamment dans le secteur de l'industrie et des mines qui vise à asseoir un partenariat stratégique, exceptionnel, bénéfique pour les deux pays, compte tenu de la ferme volonté politique qui anime les deux gouvernements». Par ailleurs, cette réunion sera précédée, selon le ministère de l'Industrie et des Mines, les 26 et 27 septembre 2015, par des réunions au niveau des experts des deux pays. Des rencontres durant lesquelles les deux parties «procéderont à une évaluation des actions de coopération réalisées entre les deux pays et examineront les perspectives de promotion des relations de partenariat et des échanges entre les institutions en charge du développement industriel dans les deux pays. Cette rencontre qui se tient dans une conjoncture marquée par un engagement particulier des deux pays à relancer leurs économies qui, suite aux effets de la révolution pour la Tunisie et la chute des prix du pétrole pour l'Algérie, se trouvent en difficulté, va être une occasion d'échanger des idées sur les meilleures voies à suivre pour aller vers une économie émergente, d'autant plus que les problèmes des économies tunisienne et algérienne ne sont pas les mêmes. L'économie tunisienne en effet, diversifié, basée sur la petite et moyenne entreprise et tournée vers l'exportation, est très bien intégrée dans les chaînes de valeur mondiales (CVM), notamment dans trois secteurs phares de son industrie, à savoir le textile, l'habillement, l'agroalimentaire et les industries mécaniques, électriques et électroniques. Ces trois secteurs représentent à eux seuls 75% des entreprises exportatrices et concentrent plus de 65% des emplois industriels». De plus, la Tunisie exporte pour une moyenne de 12 milliards de dollars par an, fruit de sa production. Cette performance exceptionnelle dans les pays du Sud de la Méditerranée est le fruit d'une stratégie résolument tournée vers la promotion des exportations. En effet, entre 2005 et 2012, la Tunisie a fait une grande révolution dans ce sens. Elle a réussi à ramener le délai maximal des formalités commerciales pour la circulation des marchandises de 8,1 à 3 jours et de réduire la déclaration en douane qui est de 3,6 jours à 15 minutes. La débureaucratisation de l'exportation et sa promotion à travers des mesures incitatives comme l'obligation à l'exportation, proportionnellement au volume des importations a également impacté positivement l'économie tunsienne. Contrairement à la Tunisie, l'économie algérienne est fondamentalement rentière et repose sur la seule exportation des hydrocarbures. Le pétrole et le gaz représentent en effet environ 98% des exportations du pays et plus de 60% des recettes fiscales. Le secteur économique, public et privé, emploie moins de 20% de la population active, ce qui est loin de la Tunisie où ce taux est nettement supérieur à 60%. En gros, il est notable que les problèmes de l'économie algérienne sont structurels et, à ce titre, des enseignements majeurs peuvent être tirés de l'expérience tunisienne qui, malgré quelques reflux, notamment lors des périodes de crise, demeure une économie viable et performante tandis que l'économie tunisienne enregistre des difficultés en matière de financement, d'accès à l'énergie et d'équilibre entre les régions, domaine où l'Algérie présente des avantages comparatifs indéniables. De ce fait, selon nombre d'experts, les deux pays ont chacun des avantages à tirer l'un de l'autre. Cette «mise en complémentarité» serait plus efficace, insiste-ton, dans le cadre d'une intégration économique maghrébine, mais une coopération poussée entre les deux pays peut être déjà avantageuse de part et d'autre. «La coopération économique bilatérale peut se transformer en un partenariat exceptionnel, ne se limitant pas uniquement à l'octroi d'aides algériennes à la Tunisie, mais qui impliquerait d'importants investissements dans différents domaines intéressant les deux pays.» Cette phrase qu'a prononcée le président Tunisien, Beji Caïd Essebsi lors de sa visite en Algérie, a été un prélude à un partenariat d'exception entre les deux pays qui, de jour en jour, se décline en actions concrètes. Et, vraisemblabelement, c'est pour donner corps à cette volonté que Bouchouareb et Hamad vont se rencontrer.