Face à la nonchalance des banques nationales, le FCE s'emploie à mettre en place un nouveau mode de financement des petites entreprises. Le président du FCE, Ali Haddad, a annoncé lors de l'université d'été de l'organisation qu'il dirige, la mise en place d'un Fonds d'investissement pour aider les jeunes entrepreneurs. Cette décision, sortie des débats qui ont eu lieu entre les différents chefs d'entreprise, vient en réponse aux inquiétudes des jeunes entrepreneurs qui, très souvent, n'arrivent pas à trouver des financements à leurs projets. «Il faut régler définitivement la question des financements,» a-t-il souligné en annonçant que lui-même allait injecter 20% des actifs de ce Fonds qui sont de un milliard de dinars. Ce Fonds, tel que conçu par le FCE sera alimenté par les chefs d'entreprises membres de l'organisation. Les aides aux jeunes entrepreneurs, nous a-t-on expliqué, se feront sous forme de prises de participation, à des pourcentages différents, dans les entreprises à lancer. «Le Fonds sera géré par une commission composée de chefs d'entreprise et d'experts. Cette commission étudiera les projets qui lui seront proposés dans le détail et seuls les projets viables seront retenus car le Fonds doit survivre. On ne peut pas financer des projets non prometteurs. Les projets retenus bénéficieront d'une prise de participations dans le cadre du Fonds et dès que l'entreprise décolle et commence à être rentable, les parts lui seront vendues», nous a expliqué un membre influent du FCE. De plus, a précisé, de son côté, Ali Haddad, le financement des projets des jeunes entrepreneurs peut se faire sous forme de crédits avec des taux d'intérêts n'excédant pas les 2%. Pour certains, cette annonce est une sorte d'opération de charme pour pousser les jeunes à s'enrôler dans la section jeunesse du FCE, Jil FCE en l'occurrence. Ali Haddad ne s'en cache presque pas. A une question dans ce sens posée par L'Expression, il a répondu: «Notre objectif n'est pas de favoriser les jeunes entrepreneurs membres du FCE mais d'aider tous les jeunes. Ceux qui veulent bénéficier de ce Fonds n'ont qu'à adhérer au FCE. Les portes sont ouvertes. D'ailleurs, c'est pour cette raison que nous avons réduit les cotisations à 20.000 DA pour trois ans.» Par ailleurs, ce Fonds d'investissement qui semble être copié sur les dispositifs d'aide à l'emploi des jeunes, comme l'Ansej, la Cnac et l'Angem, se distingue de ces derniers en deux choses qui sont, selon ses concepteurs, «fondamentales». La première est que le Fonds est appelé à fonctionner non pas dans une logique de maintien de la paix sociale comme c'est le cas de l'Ansej, de la Cnac et de l'Angem, mais selon une rationalité économique inébranlable. La deuxième, c'est la non-limitation de la participation du Fonds. En effet, «les projets seront analysés en fonction de leur rentabilité et non pas de leur coût, nous a-t-on précisé. Appelé à réagir à cette sortie du FCE, Samir Bellal, économiste, s'est refusé à tout commentaire sur cette question précise. «L'Algérie est dans une situation très grave. La crise, si des mesures importantes ne sont pas prises, va emporter tout le monde, à commencer par les gens du FCE. Commenter ce que fait le FCE, c'est lui donner de l'importance alors qu'il n'en a pas. Car, il faut le dire, cette organisation patronale souffre d'un manque criant de crédibilité», a-t-il relevé. De son côté, M'hamed Hamidouche, économiste, relativise et, dans une certaine mesure, trouve l'idée très intéressante. «Le fonds que compte créer le FCE est une pratique courante dans les pays anglo-saxons. Dans les pays anglo-saxons en effet, il y a divers modes de financement des entreprises: le Business Angel, le capital-risque, les Fonds communs de placements (FCP) et les Sociétés d'investissement à capital variable (Sicav). Quel que soit le mode qu'adoptera le FCE, l'idée en elle-même est positve», a-t-il analysé et, ce, d'autant plus, considère-t-il, que «le problème en Algérie réside dans le fait que nous avons seulement de deux modes de financement de la création des entreprises;: les fonds propres et les banques». En effet, constate M'hamed Hamidouche, «l'Algérie a copié le modèle français où l'économie est financée à 80% par les banques, ce qui est le contraire des pays anglo-saxons où les banques n'interviennent qu'à hauteur de 20%» S'agissant de la capacité de mobilisation du FCE et de son aptitude à convaincre les jeunes entrepreneurs à adhérer à sa démarche, M.Hamidouche considère que cela dépend en grande partie de la manière dont sera géré le Fonds. Les personnes auxquelles est dévolue la gestion du Fonds doivent être très bien formées. Si c'est le cas, ça va être une grande réussite et entraîner un effet boule de neige. Le cas échant, ce sera un échec et c'est lourd à supporter,» a-t-il ajouté.