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Beaucoup d'argent et une efficacité contestée
Microentreprises et start-up
Publié dans Liberté le 19 - 11 - 2014

Les dispositifs de financement gouvernementaux en faveur des start-up ont connu un esor important au cours des dernières années.
On sait, grâce aux informations fournies récemment par les responsables des organismes concernés par le développement de la microentreprise (Ansej et Cnac), que le nombre de bénéficiaires est en plein boom. On a appris que le cap des 100 000 microentreprises a été franchi en 2012. A l'origine de l'accélération des activités des deux agences depuis 3 ans, leurs DG mentionnent les décisions prises le 22 février 2011, qui ramènent l'apport personnel au niveau symbolique de 1 ou 2% du montant de l'investissement fixé désormais, au maximum, au seuil symbolique de 10 millions de DA. Autres facteurs ayant contribué à l'engouement pour cette formule : la participation active des banques publiques ainsi que les facilitations dans l'accès aux locaux. Selon un bilan des activités de l'Ansej arrêté à fin mars 2014, près de 300 000 crédits ont été accordés et plus de 700 000 emplois créés depuis la création de l'agence en 1997.
Un investissement annuel de près de 4 milliards de dollars
Il n'existe pour l'instant aucune évaluation du coût financier global des différents dispositifs mis en place par les pouvoirs publics au profit de la microentreprise. Certains experts indépendants chiffraient récemment, de façon crédible, à près de 4 milliards de dollars en rythme annuel le coût des 2 dispositifs Ansej et Cnac à la suite de leur montée en puissance des dernières années. Le montant moyen des prêts n'atteint pas du tout le montant plafond du "milliard" souvent évoqué par les commentateurs... En fait la moitié des prêts sont inférieurs à 2 millions de dinars, et plus de 40% sont compris entre 2 et 5 millions de dinars. A propos de la nature des projets financés, le DG de l'Ansej indiquait récemment que le transport de voyageurs ne représente plus que 1% des projets lancés en 2013. La plus grande partie des projets accompagnés par l'Ansej concerne désormais, par ordre d'importance, les services, l'industrie, le BTP et l'agriculture.
Les banques publiques en première ligne
On sait que dans le cadre des deux dispositifs Ansej et Cnac qui ont été uniformisés, 70% du crédit est à la charge des banques à côté du "prêt non rémunéré" représentant 28 ou 29% du crédit qui est consenti par les agences concernées. Ce sont donc essentiellement les banques publiques qui payent, fortement incitées à le faire par leur actionnaire unique. Un directeur central de la Cnac soulignait récemment la progression du taux des accords bancaires : "Jusqu'en 2008, le taux d'accords bancaires ne dépassait pas 30%, mais depuis 2008, ce taux a nettement évolué, pour atteindre aujourd'hui près de 96%".
Sortir du "traitement social du chômage"
Le passage d'une démarche quantitative de "traitement social du chômage" à la mise en place d'une stratégie de développement économique ciblant des secteurs prioritaires pose de façon croissante la question, encore embryonnaire dans le débat économique national, de l'orientation et de l'accompagnement des porteurs de projets grâce à la mise en place de pépinières et d'incubateurs d'entreprises dont le réseau reste chez nous encore squelettique.
À titre d'exemple, les participants au Forum N'TIC Magazine, organisé en octobre dernier et placé sous le thème "Lancer sa start-up en Algérie", ont relevé les limites actuelles du cadre incitatif pour la création et l'accompagnement de start-up dans le domaine des TIC.
"La start-up dans le domaine des TIC n'a pas besoin de grands équipements, elle cherche à alimenter sa trésorerie pour financer l'acquisition d'un patrimoine immatériel", résumait un jeune entrepreneur.
Selon lui, le dispositif Ansej propose une fourchette de 100 000 à 300 000 DA de fonds de roulement. "C'est très insuffisant pour répondre aux besoins d'une start-up technologique. C'est un véritable frein au démarrage". Les intervenants ont souligné la nécessité d'accompagner les porteurs de projets par un fonds d'investissement dédié, ou créer une "Ansej spéciale TIC".
Un fonds d'investissement institutionnel, Faudtic, a été créé en 2009 pour prendre en charge l'investissement dans le domaine des TIC, avec une dotation initiale de 5 milliards de DA. "Malheureusement, depuis sa création, aucun projet n'a été pris en charge", a souligné Ali Kahlane, P-DG de la société Satlinker et membre du Cercle d'Action et de Réflexion autour de l'Entreprise (Care).
"Les différents dispositifs d'aide Ansej, Angem et Cnac fonctionnent très bien, mais ils restent insuffisants vu les délais qu'ils prennent pour étudier et répondre aux demandes des porteurs de projets", a ajouté M. Kahlane.


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