Le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb reste toujours collé à l'actualité. Après London River où il évoquait les attentats de Londres et après La Voie de l'ennemi, où il évoque les effets du 11 septembre dans la société américaine Rachid Bouchareb réalise actuellement La Route des lacs, sur le parcours atypique d'une jeune femme partie rejoindre l'Etat islamique établi entre la Syrie et L'Irak. Sur un scénario et dialogues rédigés par le quatuor Rachid Bouchareb, Yasmina Khadra, Olivier Lorelle et Zoe Galleron, le film s'ouvre sur la vie d'Elisabeth qui bascule quand la police lui apprend qu'Elodie, sa fille unique de 20 ans, est en route pour rejoindre l'Etat islamique établi entre la Syrie et l'Iraq. Elle est sous le choc et ne comprend pas ce geste car cette guerre n'est pas la leur. Elisabeth parvient à reprendre contact avec Elodie, mais elle est vite démunie face à cette jeune femme qu'elle ne reconnaît plus. Seule dans son combat, elle décide alors de partir en Syrie chercher sa fille et la convaincre de revenir avec elle en Belgique. Les rôles principaux sont tenus par des comédiennes belges Astrid Whettnall et Pauline Burlet. On notera la participation algérienne du comédien talentueux Fawzi Saichi. Cette production de 3B Productions conduite par Bouchareb et Jean Bréhat, coproduite par Arte France, Tassili films en Algérie et Scope pictures en Belgique, intervient au moment où les chaînes de télévision françaises s'associent à une campagne de sensibilisation pour dissuader les jeunes de rejoindre l'Etat islamique en Syrie. Un très grand nombre de médias soutiennent solidairement l'initiative: sur le petit écran, les chaînes France Télévisions, TF1, M6, BFM TV, Canal+, TV5 Monde, Arte, France 24, le groupe AB, le groupe Orange, la Chaîne parlementaire... relaieront ces spots durant plusieurs semaines. Les messages sélectionnés mettent en avant le calvaire vécu par les familles qui ont vu l'un de leurs proches prendre le chemin du djihad. Véronique qui se refuse à condamner son fils de 22 ans, veut croire qu'il va bien et qu'il n'a pas pris les armes. On verra notamment Baptiste qui parle de sa fille de 17 ans, embrigadée par un jeune dont elle a fait la connaissance sur un site de rencontres. De Saliha qui raconte l'appel téléphonique anonyme assurant qu'elle et son mari «pouvaient être fiers, que leur fils soit mort en martyr»; enfin, Jonathan qui raconte comment il cherche coûte que coûte à rester en contact téléphonique avec sa soeur. Ces témoignages sont aussi présents sur le site www.stop-djihadisme.gouv.fr, ceux de nombreux quotidiens partenaires ceux des radios RTL et Europe 1, sur des plates-formes Internet (Facebook, Dailymotion...). En France, on signale 3063 cas de personnes en situation de «basculement», dont 40% de femmes. [email protected]