Le gouvernement réfléchira et décidera de la méthode à même de rattraper les amendements qui touchent aux engagements internationaux de l'Algérie. La reconduction de l'article relatif à l'interdiction de l'importation de spiritueux par les députés des deux chambres parlementaires continue de susciter polémiques et controverses. Une mesure que Abdelatif Benachenhou, ministre des Finances, estime «contraire aux engagements internationaux de l'Algérie» et «susceptibles d'entraîner des mesures de rétorsion de la part des autres pays», faisant référence aux accords signés par l'Algérie avec l'Union Européenne et la perspective de la prochaine adhésion de notre pays à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans une déclaration à la presse, à la suite de la séance d'adoption, le ministre des Finances, sans vouloir brusquer les membres de la Commission des affaires économiques et financières du Conseil d'Etat, s'est dit, certes, «satisfait du contenu du rapport complémentaire de la commission» mais fera en sorte que «le gouvernement réfléchisse et décide de la méthode à même de rattraper les amendements qui touchent aux engagements internationaux de l'Algérie». «Nous devons tous déployer des efforts pour adapter nos législations à ces engagements», a enfin indiqué M.Benachenhou. Un avis amplement partagé par Abdelkader Bensalah, président du Sénat, qui tout en se disant favorable «aux amendements qui allègent la charge des citoyens» a, néanmoins, estimé que «certains amendements mettent cependant l'Algérie dans l'embarras», tout en faisant part de son voeu «que ces amendements soient rattrapés à l'avenir». De son côté, la Commission des affaires économiques et financières du Sénat a émis des réserves sur les amendements introduits par l'APN sur les articles 49,50,59 et 66 de la loi de finances 2005 (LF). Dans son rapport complémentaire sur la LF, la commission a considéré que ces amendements «sont un obstacle aux efforts consentis par l'Etat pour jeter les bases économiques de l'intégration à l'économie mondiale et contraire à la volonté de s'adapter au processus de mondialisation». Tout en se montrant déçu par les principaux amendements apportés à la L.F 2005 et devant les réticences des élus du peuple qui avaient adopté cette loi au mois de Ramadan sur proposition d'El Islah, Abdelatif Benachenhou n'en démord pas et compte s'en remettre au président de la République pour corriger le tir. En effet, cette proposition risque une fois de plus de susciter le courroux des instances internationales qui qualifient l'Algérie de «mauvais élève», qui «ne sait finalement pas ce qu'il veut» au vu de certaines «incohérences» dont il fait preuve. Pour faire face, le grand argentier compte solliciter l'intervention du premier magistrat du pays. Il revient, selon lui, au président et au gouvernement de prendre leurs responsabilités. «Le président a toutes les données entre les mains» a souligné Benachenhou sans pour autant préciser par quel moyen le Chef de l'Etat pourrait retirer l'article 49 relatif aux vins de la LF 2005. Déjà, au début de l'année, Benachenhou avait annoncé que cette disposition devrait être annulée par voie de loi. «L'interdiction de l'importation des boissons alcoolisées sera levée par l'adoption d'une ordonnance ou par une loi régissant le commerce que le gouvernement devra faire voter au cours de l'année» avait-il déclaré. Une mesure que le ministre du Commerce, Nordine Boukrouh, avait de son côté dévoilée devant les députés de la chambre basse, au mois de juin passé. «Une ordonnance de loi sera soumise pour annuler la disposition de la loi interdisant l'importation des boissons alcoolisées» a-t-il déclaré à la suite des réserves émises par l'OMC avant de révéler que ce point ne devrait plus poser problème du fait qu'une nouvelle loi régissant le commerce sera soumise prochainement à l'adoption. La reconduction de la loi interdisant l'importation de spiritueux est le second point d'achoppement entre l'Algérie et les instances internationales après la dernière décision du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, relative à l'obligation pour les présidents des Sociétés de gestion des participations (SGP) et les présidents des groupes ne faisant pas partie d'une SGP de déposer les fonds des entreprises qu'ils gèrent exclusivement dans les banques publiques. Au niveau de l'OMC, on aurait estimé que l'Algérie adopte des positions contradictoires qui risquent de bloquer son adhésion à l'Organisation internationale du commerce. D'abord, l'Algérie adopte des lois et règlements qui garantissent la transparence et la concurrence entre les intervenants publics et privés dans la sphère économique, ce qui est de nature à encourager ces intervenants et est conforme à l'esprit, aux principes et aux normes de l'OMC, mais, par la suite, ces mêmes lois et règlements deviennent caducs à la suite de décisions, circulaires ou autres. Ce qui risque de renvoyer l'adhésion de l'Algérie à l'OMC aux calendes grecques.