Dans une interview, la journaliste Mémona Hintermann, membre du CSA, n'hésite pas à critiquer l'absence de diversité à la télévision française. Selon elle, «les télévisions ont peur que montrer des Noirs et des Arabes dans des rôles importants n'éloigne les téléspectateurs». Ainsi selon elle, seuls 14% de ces personnes passent à l'antenne (en tant que journalistes ou en tant que sujets): un recul de deux points par rapport au précédent sondage. «En France, nous parlons beaucoup, nous faisons beaucoup de rapports, beaucoup de réunions, nous nous gargarisons de la diversité mais à l'arrivée qu'est-ce qu'on fait? Très peu! Il suffit de regarder les écrans. La diversité de la population, on la croise dans les transports, dans les hôpitaux, dans les écoles. Il faut qu'on la croise aussi à la télévision ou à la radio. La diversité doit se distiller à travers les chaînes! Si la télévision publique donne le la, les autres ne pourront pas rester à l'écart. Qu'ils aillent dans les écoles, qu'ils aillent dans les universités, qu'ils aillent dans les hôpitaux, ils verront qu'il y a bien des médecins avec des gueules d'Arabes, ou des gueules de Noirs! La membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel depuis 2013, qui préside un groupe de travail dédié à la diversité, n'a pas hésité à dénoncer les clichés véhiculés par certains groupes à l'heure où, pourtant, le gouvernement appelle à une plus grande écoute entre les communautés. Selon elle, «chaque année, on se rend compte que ça bouge très lentement sur la représentation des minorités, notamment des Noirs et des Arabes. Quand on les voit, ils sont quoi? Ils sont délinquants! Lorsqu'on réunit tous les patrons de télévision, ils se ressemblent tous. Tous sont blancs, tous viennent de la même société. Est-ce qu'ils ont déjà pris le bus 128 qui va à Bagneux? Est-ce qu'ils vont faire leurs courses à Auchan?». L'ancienne grande reporter de France 3 se dit d'ailleurs «effarée» par la frilosité des télévisions publiques et privées, notamment M6 et TF1. «Dans le cadre du CSA, tous ces grands patrons des télévisions, s'assoient très poliment dans son bureau. Quand elle leur parle de la question de la diversité, en privé, ils reconnaissent qu'il y a un problème, mais ils ne bougent pas, parce qu'au niveau politique, la France n'a pas donné le signal. Les gouvernements, de droite ou gauche, n'ont jamais travaillé en profondeur sur ces sujets.» Une «simple» question de politique? Pas si sûr. Depuis l'arrivée du gouvernement socialiste, le nombre de personnes «non-blanches» présentes à l'écran est en baisse, comme le démontre le dernier baromètre de la diversité du CSA. TF1 qui avait la première télévision à donner une place à présentation black sur le JT de 20h, va lancer une plateforme consacrée au cinéma «afro»... pour la représentante du CSA c'est une ouverture vers les «chaînes ghettos». Pour justifier sa plaidoirie, elle donne l'exemple de la télévision allemande, qui met en vedette une présentatrice d'origine turque avec un co-présentateur de culture hébraïque. Un exemple de contraste culturel et religieux qui ne convient pas à la France surtout pas en ces moments de tension entre juifs et musulmans. [email protected]