La violence terroriste a fini par être l'arrière-plan quotidien et a été reléguée aux faits divers. Plusieurs attentats ont secoué les maquis algériens, à l'Est et à l'Ouest, ces derniers jours, faisant au moins quatre morts et six blessés dont trois dans un état grave. Le plus retentissant d'entre ces attentats est, paradoxalement, lié à ceux chargés de réprimer le terrorisme: un garde communal (groupe paramilitaire rattaché à la lutte contre-insurrectionnelle) a tué en fin de semaine ses deux chefs au lieu-dit Sidi-Boubekeur, à Saïda, avant de se rendre lui-même à la gendarmerie. Toujours à Saïda, dans la localité de Daâloulia, dont les groupes armés locaux ont rallié le Gspc depuis 2002, un GLD (Groupe de légitime dépense, ex-patriote) a été surpris par des assaillants, qui l'ont abattu à bout portant, avant de s'emparer de son arme. Dans la région d'Aïn Defla, un ancien chef du GLD qui avait rallié les groupes armés, alimentant par le geste une grande polémique, a quitté les maquis et s'est rendu aux forces de sécurité d'Aïn Defla. Cet ancien responsable de Groupe de légitime défense locale avait rejoint les maquis terroristes en emportant avec lui l'armement dont disposait son groupe. A l'ouest encore (l'est, paradoxalement, zone d'influence du Gspc est épargné) au lieu-dit El-Minzah, à 90 km de Sidi Bel Abbès, une bombe artisanale - assimilée aux mines antipersonnel par le traité d'Ottawa - saute au passage de quatre gardes communaux, en mission de reconnaissance et de sécurisation dans la région. Résultat : un membre tué sur le coup et les trois autres grièvement blessés et évacués vers l'hôpital de Telagh. Selon un correspondant local, ils étaient en mission de reconnaissance pour sécuriser le terrain, à la veille d'une visite d'un groupe de spécialistes de lutte antiacridienne. Petites guerres engagées, gagnées ou perdues au quotidien, tissent la toile de fond de la lutte contre le terrorisme. La «violence tolérable» s'inscrit au quotidien et, lorsqu'elle n'est pas médiatique et spectaculaire, se retrouve reléguée à l'arrière-plan et aux faits divers. Particulièrement meurtrier, le Ramadan 2004 a connu une poussée de violence très inquiétante. Juste après, une accalmie caractérise les zones traditionnellement infestées par le Gspc, dans la Kabylie et aux maquis de l'Est, Tébessa, Jijel, Skikda, Annaba, Souk Ahras et Batna. Judicieusement, la violence se transpose à l'Ouest où des actes de violence sont enregistrés depuis une semaine. Une quarantaine de personnes ont été assassinées durant le mois de Ramadan et une vingtaine de tués sont décomptés depuis le début du mois de novembre.