C'est une pratique qui constitue une véritable menace pour des milliers d'étudiantes. Après le cas de harcèlement sexuel signalé à la cité universitaire de jeunes filles de Dergana, c'est au tour des étudiantes résidentes à Ouled Fayet de faire part de leur situation qui devient de plus en plus inquiétante. Plusieurs d'entre elles ont tenu à dénoncer les innombrables «pressions» dont elles sont les cibles. Certaines d'entre elles, constamment harcelées, ont même été contraintes à quitter les bancs de l'université. La situation est qualifiée de catastrophique par les résidentes de ladite cité, alors que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique n'ose pas lever le petit doigt pour mettre fin à ce genre d'agissements. «Les harcèlements sexuels et moraux sont permanents, les provocations allant jusqu'aux menaces voire agressions physiques, ne cessent de s'abattre sur nous, cela sans parler du manque de sécurité à l'intérieur même de la cité», confie une étudiante résidente à la cité U de Ouled Fayet, hier, lors du rassemblement organisé à la faculté des sciences sociales et humaines de Bouzaréah. Pis encore, une étudiante ayant tenté d'organiser un rassemblement au niveau de ladite cité, pour discuter la question et saisir par la suite la tutelle, a vu son père convoqué par le directeur de l'établissement. Lequel père a tout simplement «intimé à sa fille l'ordre de quitter l'université, et ce, nonobstant des contacts pris avec lui par des membres du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), pour le ramener à la raison», souligne une de ses camarades. Au rythme où vont les choses, la situation ne tardera pas à dégénérer, les 2279 étudiantes entassées dans des chalets menacent de monter au créneau si la situation continue de persister. Du côté du ministère de l'Enseignement supérieur, on observe un mutisme pathologique. En effet, le responsable chargé du dossier était, et jusqu'à une heure tardive de la journée d'hier aux abonnés absents. Les nombreux contacts que nous avons tenté de prendre avec lui se sont avérés vains. Par ailleurs, cette situation n'est que la partie visible de l'iceberg derrière lequel se cache une sempiternelle kyrielle de difficultés auxquelles les étudiants font face quotidiennement, soit au niveau des campus ou dans les cités U. Ces endroits nobles et sacrés perdent progressivement de leur réputation comme des lieux de savoir et de connaissance pour devenir des lieux où les frustrés déversent leur libido. «La situation de l'université est catastrophique. Des milliers d'étudiants et d'étudiantes sont laissés à la merci de la misère qui frappe de partout. On souffre du manque flagrant de places pédagogiques, de chambres, de restaurants, de moyens de transport, d'encadrement, de bibliothèques et la mauvaise qualité des prestations», lit-on dans un communiqué transmis hier à notre rédaction par un groupe d'étudiants qui ont tenu à dénoncer le marasme qui sévit encore dans l'enceinte universitaire. Ainsi, l'université algérienne n'arrive toujours pas à s'extirper du bourbier où on l'a enfoncée. Les crises s'accumulent, le danger plane encore et le moral des étudiants est irrémédiablement délabré. Y aura-t-il une solution en perspective?