oeuvre de Abdelkrim Aloui 11 artistes vous font dévoiler leurs visions de l'Algérie, mais pas que cela, au Musée d'art moderne et contemporain et ce, jusqu'au 12 novembre. Les amateurs de photos se sont donné rendez-vous dimanche dernier pour le vernissage d'une exposition regroupant les prises de vue de 11 artistes photographes venus de Constantine. En effet, le Fespa 2015 a choisi cette année de mettre à l'honneur des photographies d'art, voire de reportages d'artistes issus de la ville du Rocher, Constantine, qui dressent un pont artistique vers la capitale. Cette 6e édition du Fespa offre des photos en noir et blanc et d'autres en couleurs, soit des formats moyens ou plus agrandis que les éditions précédentes. De la technique, des photos cartes postales, de la recherche esthétique, des photos numérisées, parfois par excès, des vues panoramiques de différentes régions du pays ou en fragments, du hors champ cinématographique, quelques belles propositions visuelles par instants d'émotions clairsemés et parsemés ça et là ou encore du déjà vu encore et encore. C'est un peu tout cela la somme de cette exposition dont le commissaire général n'est autre que le directeur général du Mama, Mohamed Djehcich, le commissaire artistique étant Lyes Meziani et le commissaire adjoint et la photographe reporter Louisa Ammi. D'ailleurs, note-t-on, des workshops ont été prévus durant cette exposition, les participants devront prendre des photos d'Alger trois jours avant le festival afin d'illustrer leur perception de la ville. Abdelkrim Alloui a choisi le noir et blanc, la sépia et la couleur pour rendre compte de sa vision sur le paysage extérieur, mais aussi intérieur d'Algérie, de Constantine, du désert et vue vertigineuse à l'intérieur d'une mosquée, notamment entre forêt verdoyante et sable aride jusqu'au simple pont de Constantine et les belles ornementations architecturales qui composent certains de nos vieux monuments. Mohamed Chaouki Bouledroua a pour sa part choisi d'illustrer la présence de l'homme par son effacement dans ses photos qui pour la plupart donnent à voir des bicyclettes stationnées dans la rue. Djamel Ghazl qui pour le coup résume ses photos par cette phrase: «De nulle part la splendeur surgit et vous submerge», a choisi d'immortaliser non pas des vies humaines, mais plutôt les courbes colossales des maisons, entre arcade, ombres sur le mur ou encore des pans très larges ou en profondeur de pentes d'escaliers entre zoom millimétré et cadrage mesuré. Le résultat est bluffant tant le cadre semble se disputer à la pesanteur du ciel. Seul bémol, ce travail paraît plus basé sur l'angle de la géographie immaculée sans trop donner au-delà de ce qui est proposé au premier plan. Un travail plus minimaliste est celui de Djihane Benmaghsoula qui témoigne dans Facettes de plusieurs séries de photos dont Jusqu'au ciel, D'c-Ombres et S'a-carré des jeux de mots qui font surgir quelques fragrances de sentiments nés de ces angles de vues parfois inclinées, à l'endroit, carrées, pleines ou tendant vers le ciel, exprimant sans doute l'insécurité, le corps blotti ou encore la quête vers une recherche de l'Autre, à l'extérieur ou simplement des signes de délabrement de nos terres. Hamza Fellali dont l'oeuvre occupe une bonne partie de la facette de l'atrium du Mama donne à voir en noir et blanc de nombreux clichés juxtaposés, l'un à côté de l'autre un peu anarchiquement, mettant en scène le vacarme de la rue entre badaux et métro. Khaled Sahour connu dans le milieu artistique sous le pseudonyme de «Elghoul Soufedj» est celui qui se distingue le plus dans cette exposition collective. Influencé irréfutablement par le monde du cinéma entre lumière et couleurs recomposées, le jeune artiste, outre le fait de prendre un malin plaisir à flouter les visages de ses personnages comme dans un excès de colère brûlant, rappelle à notre mémoire des scènes de film comme un enchaînement de plans d'une même séquence, dûment travaillée et figée paradoxalement dans un magnifique graphique stellaire. Samia Fellali pour sa part a choisi de travailler sur l'effet de l'usure du temps sur les portes, essentiellement par des gros plans sur celles-ci. Autre personne qui semble sonder le temps est Siham Salhi dont la plupart des clichés expriment une forme de mansuétude évanescente du temps qui passe à travers ces flous de pieds de gens qui marchent par exemple ou cette abolition de l'être dans l'ombre pour ne rester que l'idée même spectrale de ce dernier. D'autres photographes clôturent cette exposition. Pour en savoir plus il vous suffit d'y d'aller jeter un coup d'oeil!