La convention de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) sur la diversité des expressions culturelles, récemment ratifiée par l'Algérie, en est à sa 10ème année d'existence et compte désormais140 Etats signataires sur les 195 membres de l'Unesco. Cette convention présente l'avantage d'être le premier instrument international à reconnaître la nature «spécifique» des biens et services culturels et à les intégrer comme «outil essentiel» de mise en oeuvre de tout développement durable. L'Algérie, qui avait ratifié la Convention le 18 mars 2015 six ans après l'avoir signée, figure dorénavant parmi les 13 pays arabes parties à cet instrument international dédié à la diversité culturelle, alors que des membres de l'Unesco parmi les plus influents, comme les Etats-Unis ou encore la Russie, hésitent encore à la ratifier. Pour marquer cet anniversaire, l'Unesco a lancé une enquête auprès de 87 pays qui attestent, dans leur majorité, que la Convention est devenue, en une décennie d'existence, un «outil de référence» et une «base» d'élaboration et de développement de politiques culturelles effectives. Ainsi en est-il de la reconnaissance des «spécificités» du produit culturel qui engage désormais les parties à la Convention de l'Unesco de 2005 à «protéger et dynamiser» voire «subventionner» les biens et services culturels locaux menacés par une tendance à l'uniformisation dans le sillage du processus de mondialisation des relations internationales. En vertu de cette convention, l'engagement pris par le Etats membres à fournir un environnement «propice à la création» commence lui aussi à porter ses fruits dans quelques pays, l'enquête faisant ressortir un «regain de reconnaissance» pour les artistes et leur travail, une tendance positive observée particulièrement dans les pays en développement. Le rôle primordial de la société civile dans l'identification et la protection des expressions culturelles là où elles sont menacées dans leur diversité, ainsi que le recommande et le définit la Convention, s'affirme pour sa part de plus en plus, relèvent les initiés. Aussi, dans un certain nombre de ces pays, parties à la Convention, des producteurs de biens culturels dûment identifiés gagnent petit à petit leur autonomie vis-à-vis de l'aide publique pour financer la production et l'organisation des événements culturels. Le résultat en est l'amorce d'une dynamique économique dans ces pays appuyée par le secteur du tourisme et la coopération internationale pour lever les fonds nécessaires au fonctionnement de l'industrie culturelle. La Convention de l'Unesco de 2005 s'attache à créer un environnement dans lequel les artistes et professionnels de la culture peuvent, au même titre que le citoyen ordinaire, produire et diffuser des activités, biens et services culturels ou en profiter. L'appui à l'industrie culturelle peut passer, selon la convention, par le soutien du produit numérique et la distribution en ligne des produits culturels, la facilitation de la circulation des artistes, et la consécration de la liberté de création et d'expression. Le rapport de l'enquête a par ailleurs salué l'engagement de certains pays en développement à améliorer au possible la condition de l'artiste, à l'instar du Burkina Faso et de la Lituanie, signataires de la convention en 2006, tout en mettant en avant les efforts du Danemark, présenté comme étant «à l'avant-garde» du droit à l'art et à la culture. Avec le soutien financier de l'Union européenne, partie à la Convention en qualité d'organisation régionale, l'Unesco a installé en 2011 la première banque d'expertise pour fournir des missions d'assistance technique aux pays en développement. Autre élément clé de cette convention, la création du Fonds international pour la diversité culturelle (Fidc), alimenté par les Etats membres, visant à «renforcer la coopération et la solidarité internationale» dans ce domaine, et à révéler les «opportunités» et le «potentiel» des industries créatives.