Serbie, Bulgarie, Roumanie étaient réunis hier à Sofia pour tenter d'améliorer la coordination entre pays des Balkans, en première ligne des flux migratoires, à la veille d'un mini-sommet européen Les Européens veulent promouvoir une «approche collective» de cette crise. Mais comment? Par un jeu de fermeture de frontières, comme en Hongrie récemment, les flux se croisent dans le sud-est de l'Union européenne et la «route des Balkans» ne cesse d'évoluer. La Slovénie, l'un des plus petits pays de l'UE, est depuis une semaine l'une des nouvelles zones de transit. Réfugiés fuyant le conflit en Syrie continuent d'arriver en nombre record par la Grèce avec des migrants d'autres pays fuyant la misère, voire d'autres conflits. Plus au sud, la Serbie a vu passer 300 000 personnes depuis janvier et son Premier ministre rencontre samedi à Sofia ses homologues bulgares et roumains, deux pays pour l'instant relativement à l'écart de la route migratoire principale des Balkans de l'ouest. Un mini-sommet européen se tiendra aujourd'hui à Bruxelles après le constat d'un «manque de coordination dans la gestion de la crise par les pays parties prenantes», a souligné hier le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos. «Les pays ne peuvent pas transférer leurs responsabilités à leurs voisins. Seule une approche collective européenne et transfrontalière basée sur la coopération peut fonctionner», avait observé le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas. Les pays qui se réunissent à Bruxelles pourraient s'engager à cesser de laisser passer les réfugiés chez leur voisin sans concertation, selon un projet d'accord de 16 mesures. Huit Etats membres de l'UE (Autriche, Bulgarie, Croatie, Allemagne, Grèce, Hongrie, Roumanie Slovénie) ainsi que la Macédoine et la Serbie sont convoqués. Serbie et Croatie commencent d'ailleurs à s'organiser: des trains croates au départ de Sid, en Serbie, où les migrants arrivent du sud du pays par autobus, vont être mis en place pour leur éviter de subir les intempéries et accélérer leur acheminement. Un nouveau centre d'enregistrement et de transit d'une capacité de 5 000 personnes sera mis en place à la gare d'arrivée de Slavonski Brod, en Croatie. Ces améliorations ne suffiront pas: Amnesty International met en garde contre une «crise humanitaire qui vient» dans les Balkans, à l'approche de l'hiver. Cette semaine en Slovénie, «des centaines d'hommes, de femmes et même d'enfants dormaient à même le sol, sans abri au-dessus de leur tête et presque rien pour se réchauffer», avec un manque criant de couvertures. La Slovénie apparaît débordée depuis que le flux de migrants - 56.000 personnes en une semaine - s'est déporté sur ce territoire d'un peu plus de deux millions d'habitants après la fermeture de la frontière entre la Hongrie et la Croatie. Jean-Claude Juncker a encouragé l'Allemagne à accueillir des réfugiés au moment où l'UE enregistrait de nouvelles arrivées record, avec 48.000 migrants et réfugiés au cours des cinq derniers jours en Grèce, soit 9600 personnes par jour en provenance de Turquie. La chancelière Angela Merkel ne doit pas «se laisser dévier de son cap par les sondages», a déclaré M.Juncker. En Allemagne, le mécontentement s'accroît contre la politique de la main tendue aux réfugiés de Mme Merkel, jusque dans son camp conservateur. Et les actes d'hostilité antimigrants se sont multipliés contre des foyers de demandeurs d'asile en Allemagne, comme dimanche dernier en Suède où un centre d'hébergement a été ravagé par un incendie suspect. «Nous devons y arriver!»: le slogan de la chancelière doit s'appliquer à toute l'Europe, a martelé M.Juncker. «Les réfugiés ne sont pas des ennemis justifiant que nous déployions notre système de défense, ce sont des gens désespérés», a fait écho M.Avramopoulos, même si l'UE oeuvre parallèlement au renforcement de ses frontières extérieures.