Les relations se sont envenimées entre Etats des Balkans sur fond de crise des migrants, la Croatie et la Serbie bloquant un peu plus leur frontière commune et la Hongrie déployant des barbelés à sa frontière slovène. L'Europe a encore un long chemin à parcourir avant de régler sa plus grande crise migratoire depuis 1945, a averti Berlin, alors que des milliers de migrants continuaient à affluer vers le nord du continent via les Balkans. «Nous sommes très loin de là où il faut aller», a déclaré jeudi la chancelière allemande Angela Merkel, au lendemain d'un sommet extraordinaire où les 28 sont convenus de renforcer les frontières extérieures de l'Union européenne, ainsi que l'aide humanitaire à leurs voisins. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé «les dirigeants européens à faire plus pour accueillir (les réfugiés) et traiter les demandes (d'asile) de manière digne et humaine». Le pape François a lui estimé, depuis Washington, que la crise des réfugiés, «d'une ampleur inconnue depuis la Seconde Guerre mondiale», plaçait le monde «devant de grands défis et de nombreuses décisions difficiles». Ce sujet devrait à nouveau figurer en bonne place dans son discours hier devant l'Assemblée générale de l'ONU. L'UE a conclu mardi un accord laborieux et controversé sur la répartition entre ses membres de 120.000 réfugiés syriens, irakiens et érythréens arrivés depuis fin août en Grèce et en Italie. Pour Mme Merkel, cela ne suffit pas et la solution passe par «une procédure durable sur la répartition des réfugiés entre Etats membres». Le Premier ministre français Manuel Valls a déjà prévenu que la France, qui a proposé d'accueillir environ 30.000 réfugiés, n'ira pas au-delà. La Hongrie du populiste Viktor Orban, partisan d'une ligne dure, a franchi une nouvelle étape jeudi, en commençant à dérouler des barbelés à sa frontière avec la Slovénie, pays qui appartient également à l'espace Schengen de libre-circulation. Les migrants cheminent à travers les Balkans dans le but de rejoindre les pays riches du nord de l'Europe, en particulier l'Allemagne ou la Suède. La Croatie, saturée par l'arrivée de quelque 50.000 migrants sur son sol depuis une semaine en provenance de Serbie, les convoie vers la frontière où ils sont pris en charge par Budapest, qui les achemine directement à la frontière autrichienne, d'où ils poursuivent pour la plupart leur voyage. Après de vifs échanges avec son homologue autrichien Werner Faymann en marge du sommet de Bruxelles mercredi, M.Orban devait se rendre à Vienne hier pour évoquer à nouveau ce dossier. Parallèlement, les tensions montent entre la Croatie et la Serbie - pays non membre de l'UE - qui ont décidé de bloquer un peu plus leur frontière commune. Zagreb insiste pour que Belgrade dirige le flot de migrants vers la Hongrie et la Roumanie plutôt que vers son territoire. De son côté, la Serbie a dénoncé une «agression» de la part de la Croatie. Une conférence consacrée à cette route des Balkans aura lieu le 8 octobre à Luxembourg, en marge d'une nouvelle réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE sur la crise migratoire.