De gauche à droite: Amine Aït-Hadi, Abdelwahab Aïssaoui et Rachid Boukherroub Abdelwahab Aïssaoui, Rachid Boukherroub et Amine Aït Hadi sont les trois lauréats du prix Assia Djebar, décerné mercredi dernier lors d'une cérémonie grandiose à l'hôtel Hilton, en présence de dix ministres et de dizaines d'écrivains et autres hommes de culture ainsi que de l'ambassadeur de France en Algérie et de Djamel Kaouane, directeur général de l'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep). Parmi les ministres présents, il y avait naturellement Hamid Grine et Azzedine Mihoubi, respectivement ministre de la Communication et de la Culture, El Hadi Ould Ali, ministre de la Jeunesse et des Sports, le ministre des Transports, Boudjema Talai et la ministre de la Ptic, Imane-Houda Faraoun... Tous les lauréats ont eu du mal à exprimer leur joie suite à l'annonce de leurs noms tant l'émotion était forte, en plus de l'effet de surprise. «J'ai travaillé pendant deux années sur ce roman, mais je ne m'attendais guère à obtenir le prix Assia Djebar», a déclaré d'ailleurs Amine Aït-Hadi, le lauréat du prix en langue française. Recevoir le plus grand prix littéraire en Algérie, portant de surcroît le nom du monument Assia Djebar, n'est pas une mince affaire. Toutefois, les trois lauréats, la main dans la main, ont fini par dire tout le bonheur de vivre des moments aussi intenses. Abdelwahab Aïssaoui, écrivain de langue arabe, a été courroné pour son roman «Sierra de muerte», édité par la direction de la culture de la wilaya d'El Oued. Bien que rédigé en arabe, Abdelwahab Aïssaoui a choisi que le titre de son roman soit en espagnol pour des raisons qu'il aura sans doute l'occasion d'expliquer plus tard, après qu'il soit sorti de l'ombre et de l'anonymat. De son côté, Rachid Boukherroub, auteur vivant dans la localité de Boudjima, dans la wilaya de Tizi Ouzou, a été récompensé pour son roman en langue amazighe édité aux éditions El Amel de Tizi Ouzou et intitulé: «Tislit n ughanim.» Enfin, Amine Aït Hadi a obtenu cette distinction pour sa fiction sortie chez Aden-Editions intitulée: «L'aube au-delà.» Selon Hamid Nacer Khodja, les membres du jury chargés d'élire le récipiendaire du prix Assia Djebar en langue française ont choisi le roman «L'Aube au-delà» de Amine Aït Hadi, à l'unanimité. «C'est un roman qui sort du lot. Lisez-le et rendez-moi la réponse», ajoute l'universitaire et écrivain Hamid Nacer Khodja. Les onze membres du jury présidé par l'écrivain Merzak Bagtache, apprend-on en outre, n'ont pas eu trop de mal à départager les 13 participants pour la version amazighe du Prix en choisissant le roman «Tislit n ughanim» de Rachid Boukherroub. Toutefois, c'est dans la version arabophone du concours que le choix a été en quelque sorte difficile car il y avait une certaine équivalence dans la qualité et le niveau des romans proposés. Un choix qui a impliqué la participation de 70 romans et 36 maisons d'édition algériennes. «Le règlement intérieur du concours pour l'obtention du Prix Assia Djebar du meilleur roman exige que les oeuvres soient éditées exclusivement en Algérie et par des maisons d'édition algériennes. Même les romans coédités en Algérie et à l'étranger sont exclus de la course. C'est un prix purement algérien ouvert toutefois aux écrivains algériens résidant à l'étranger mais à condition que leur livre soit édité ici», a précisé un membre du jury. Lors de son allocution, Hamidou Messaoudi, le commissaire du Salon international du livre d'Alger a insisté sur le fait que le prix Assia Djebar soit ouvert à tous les Algériens quelle que soit leur langue d'écriture, qu'il s'agisse de l'arabe, la langue nationale et officielle que de tamazight, langue nationale ou dans une autre langue: «Nous sommes fiers de tous nos écrivains quelle que soit leur langue de création», a indiqué l'orateur. De son côté, Djamel Kaouane, P-DG de l'Anep a souligné que c'est dans l'ordre naturel des choses qu'un prix portant le nom d'Assia Djebar ait été institué pour encourager la création littéraire dans notre pays. «En dépit de sa disparition physique, les écrits de Assia Djebar resteront pour l'éternité», a ajouté Djamel Kaouane qui a fait des efforts pour s'exprimer symboliquement en tamazight avant de terminer son intervention. D'ailleurs, il y a lieu de saluer les organisateurs de cette cérémonie pour avoir inclu la langue amazighe dans le programme des interventions ainsi que lors de l'animation qui a été assurée en arabe, tamazight et français. Un fait qui reflète la diversité linguistique de l'Algérie. Quant à Merzak Bagtache, le président du jury du Prix Assia Djebar, il a entre autres insisté sur le fait que, s'il fallait mettre un mot pour résumer tous les éléments constitutifs de l'identité algérienne, c'est bel et bien la modernité. De son côté, Mohamed Bouaraba, membre du jury chargé de la version amazighe du prix, a mis en exergue le rôle que peut jouer cet important prix en faveur de la promotion et de la production littéraire en langue amazighe et de tamazight en général dans la perspective de permettre à la langue d'être enseignée dans les 48 wilayas d'Algérie dans un futur poche. L'intervenant a profité de cette occasion pour rappeler que tamazight a réalisé un immense saut qualitatif ces dernières années. La cérémonie a été interrompue le temps que les présents visionnent un court documentaire rappelant l'ensemble des étapes ayant cacactérisé la vie et l'oeuvre de Assia Djebar aussi bien dans l'écriture romanesque que dans le cinéma et l'enseignement, notamment dans les plus grandes universités du monde dont celle de New York.