«Condamnés à la purification» L'artiste continue à poser un regard toujours féroce sur le monde, son pays qu'il met en scène paradoxalement par des personnages presque fantomatiques à l'antipode de sa colère... Que ce soit des diptyques, des triptyques, quatuor ou rarement, un amas de planches amoncelées l'une sur l'autre, les peintures sur toile de Karim Sergoua réunies lors de sa nouvelle exposition autour du nom de purification ont cette quête obsessionnelle de la vérité comme autant d'interrogations tels ces signes qui reviennent souvent et se dupliquent sans cesse sur ses différentes peintures et formats. Symbolique, ou peinture semi-figurative avec une référence sans doute pour l'école Aouchem, mais pas que, Karim Sergoua qui expose actuellement ses nouvelles oeuvres depuis vendredi à la galerie sirius du Télemly parvient à nous surprendre encore par son regard toujours féroce sur le monde, son pays qu'il met en scène paradoxalement par des personnages presque fantomatiques à l'antipode sans doute de sa colère qui ne s'exprime qu'à demi-teinte dans sa peinture mais dont le trait acéré se devine allégrement. Une peinture qui pourtant suggère, mais n'étale pas tout, tel est de toute façon le propre de l'art contemporain qui suscite la réflexion, mais n'offre pas tout sur un plateau d'argent. Dans cet amas de toiles, les personnages asexués sont souvent accompagnés de croix, comme signe de refus, de rejet, d'un système de loup flanqué de ce fer de lance ancestral qui rappelle nos valeureux guerriers d'antan, auxquels Karim Sergoua fait référence sans doute, dans son expo et qu'il invoque pour faire rayonner leur âme combative aujourd'hui dans un pays qui a perdu de ses forces vives et est en train de péricliter comme une peau de chagrin. Un pays démissionnaire en déperdition, sans doute, est le propos qui tracasse notre artiste plasticien qui chemine sans art reconnaissable parmi mille. Ainsi, l'homme qui cumule une riche carrière intarissable et volubile, refuse dans sa volonté de surseoir à cette politique de domination et de la surenchère factice mais choisit avec subtilité de revenir au passé pour mieux tracer les contours d'un avenir qui devrait être plus radieux et coloré que cette ombre de malheur qui s'abat sur nous et que Karim Sergoua sans doute, espère conjurer le sort par cette multitude d'empreintes de signes. Affronter ces chiens de garde, tout en portant un oeil féroce, mais néanmoins tendre sur ce qui nous habite, nous entoure, mais aussi sur ces innocents qui ne font que subir la mainmise des «contre purs». L'artiste qui fait rejaillir ces hommes du néant après les avoir peints sur du blanc puis effacer et repeindre à nouveau, étale ainsi des envies de revoir se reconstruire un monde nouveau comme bâti sur du neuf. Gommer tout en laissant des traces d' un monde meilleur et des êtres harmonieux qui vivraient en équilibre tel que suggéré par ces tableaux où l'homme côte à côte de l'Autre vit en sérénité et non en guerre, malgré la crainte de l'effacement qui risque et est en train d'avoir lieu, autrement dit la négation de soi-même et de nos valeurs au profit du pouvoir du néant et du mensonge qui priment dans les hautes sphères de la monstruosité. Résolument engagé, l'artiste Karim Sergoua avec qui nous avons déjà eu à discuter autour d'un travail similaire, s'était élevé une fois comme le veut son tempérament de feu, contre les destructeurs et falsificateurs de notre histoire qui continuent à piétiner notre mémoire et rêvent de voir la fin de la «niya» dans notre pays. Il est de même encore et encore dans cette nouvelle exposition, car le cri pictural de Karim Sergoua ne séchera pas tant qu'il ne sera pas largement entendu. A visiter encore dans cette belle galerie de Valentina Ghanem où le vernissage a eu un retentissant succès...