Femmes, titre du tableau Une trentaine de tableaux de différents formats ornent les cimaises de la galerie de Valentina Ghanem et vous invitent à la visiter jusqu'au 5 novembre... De la peinture, du dessin, des pastels, bref des tableaux de différents formats et une seule thématique récurrente, la femme et pas n'importe laquelle, la mère nourricière, la mère ancestrale, mais aussi sa progéniture, la fille. Mais la nostalgie immanquablement est présente avec ce haïk ou encore des habits traditionnels qui dénotent d'un doux passé dans lequel l'artiste a dû tôt baigner dedans. Lui c'est Moussa Bourdine qui expose ses oeuvres à la galerie Sirius du Télemly et dont le vernissage a eu lieu cette semaine dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Du figuratif, à l'abstrait ou semi-abstrait, Moussa Bourdine aime taquiner la muse et couler dans ses tableaux ses rêveries au féminin comme de douces réminiscences à peine voilées, jamais avec des couleurs sombres ou criardes, mais toujours dans des tons harmonieux, délicats et clairs. Non pas de brume mélancolique, mais de souvenirs tendres qui se voudraient déclinés en autant de personnages crayonnés ou couchés sur de la toile avec finesse et doigté comme symbole d'un sentiment non pas suranné, mais d'apaisement qui flotte comme un nuage sur la plupart de ses oeuvres tempérées aux mille visages et corps transcendés. En effet, des titres comme Regard, Ma mère, Ruelle, Mère Courage, Femmes, Berceau ou encore, L'attitude, Visiteuse, Chante tout l'honneur à la femme nonobstant d'autres titres qui font références aux couleurs et tons chromatiques qui sont souvent bon pour le moral dit-on comme le bleu, le jaune l'azur notamment. Femmes debout, se concertant entre elles, seule ou en groupe, tenant un bébé à la main, une chèvre ou a les bras croisés, retombées comme par timidité, ces femmes telles que représentées par Moussa Boudine respirent l'humilité et la simplicité d'un monde fait de paix et de tendresse. Il tend par endroit à s'effacer comme pour suggérer un temps qui est en passe d'être révolu ou passé de mode, tels ces habits traditionnels comme la djebba ou le foulard traditionnel, turban que les femmes portent sur la tête même à la maison et qui a été aujourd'hui bien supplanté par d'autres vêtements importés du mashreq. Avec des peintures réalisées en aplat, qui expriment la beauté des âmes, l'artiste peint des esquisses de pans enchanteurs de nous-mêmes qui fait notre patrimoine, notre richesse et valeurs ancestraux. Un artiste comme il en existe peu en Algérie. De ceux qui aiment plus suggérer sans trop de m'a-tu-vu ni excès de zèle dans la démonstration. Même si sa peinture peut s'apparenter pour certains à du déjà-vu, il reste que ses tableaux plein de raffinement sont par certains côtés révélateurs d'une technique assurée maîtrisée et bien rendue par un artiste de talent qui excelle dans son genre à faire apparaître la fragilité de l'Autre quand d'autres espèrent montrer la violence de l'Autre à force de couches épaisses de couleurs et de signes qui souvent alourdissent le tableau et imposent la réflexion. Ici c'est avec douceur qu'on arpente cette exposition qui n'en finit par de dévoiler par ses petits signes ou rayures nos traits de corps et de mystère au dedans et qu'on se met à scruter certaines de ces oeuvres qui forcent l'admiration et le respect à ce grand artiste des plus humbles ce qui fait le grand homme qu'il est. Notons que son exposition est ouverte jusqu'au 5 novembre.