Plan du film La Nouba des femmes du mont Chenoua Les jeudi 19 et vendredi 20 novembre, c'est non seulement l'écrivaine de l'Académie française qui sera célébrée, mais aussi la cinéaste dont «les films remarquables sont injustement reconnus» fait-on remarquer. Outre les Journées cinématographiques de Carthage (Tunisie) qui vont lui rendre hommage le 21 novembre prochain, l'Ecole normale supérieure de Paris a décidé de rendre hommage à Assia Djebar et de maintenir surtout sa manifestation après les récents événements qui ont secoué la capitale, Paris. En effet cet hommage aura lieu les jeudi 19 et vendredi 20 novembre, c'est non seulement l'ecrivaine de l'Académie française qui sera célébrée mais aussi la cinéaste dont «les films remarquables sont injustement reconnus» fait-on remarquer. Historienne de formation, Fatima Zohra Imalayène, entrée à l'Ecole normale supérieure en 1955 en est sortie en 1956. En signe de solidarité avec ses compatriotes, l'étudiante avait respecté les consignes de l'Ugema, et refusé de passer ses examens universitaires. Ce geste marque, de fait, l'entrée en littérature d'une femme libre qui se baptise d'un oxymore: Assia, la consolation, Djebar, l'intransigeance. «En hommage à celle qui ne s'est jamais assagie, jamais totalement réconciliée», explique Françoise Zamour, in le communiqué de presse qui nous est parvenu, l'Ecole normale supérieure explique, «qu'elle s'associe cette année au Maghreb des films pour proposer deux soirées autour de l'oeuvre cinématographique d'Assia Djebar.» La première soirée s'inscrit dans le cadre du séminaire «Filmer le conflit racial». Elle permettra de redécouvrir le versant documentaire de l'oeuvre de cette académicienne toujours à l'écoute des frémissements de son siècle. Le 20 novembre, la projection de «La Nouba des femmes du mont Chenoua», et le débat qui suivra, permettront d'entendre pour sa part, résonner les échos de cette voix singulière. Pour rappel, Zerda ou Les Chants de L'oubli (documentaire/1982/ 60') est décrit comme un poème en quatre chants qui sont autant de tableaux, réalisés à partir d'archives de la colonisation. Cet essai d'Assia Djebar s'attelle à un travail de déconstruction de la mise en images du Maghreb colonial, pendant que la bande-son tente de faire lever d'autres images du Maghreb méprisé en (re)donnant la parole aux Maghrébins au moyen de voix anonymes recueillies ou ré-imaginées. La projection de ce film aura lieu dans le cadre du séminaire animé par la professeure en cinéma Françoise Zamour et le professeur de philosophie Marc Crépon, dont le thème est: «Quand le cinéma pense la politique: conflit racial». Le lendemain place à «La Nouba des femmes du mont Chenoua». Dans ce docu-fiction sorti en 1978 de 115 mn, «Assia Djebar ne nous endort pas. Elle nous prend par la main,- il faudrait dire par les yeux et l'ouïe -, nous fait traverser les barrières du temps et nous éveille peu à peu à nous-mêmes par-delà la langue des discours officiels et de cette identité «meurtrière» dans laquelle nous étions enfermés. Avec Leïla l'héroïne du film, je dirais Leïla/Assia, nous remontons le temps et le mont Chenoua, les montagnes de l'enfance de la réalisatrice. Leïla part à la recherche du frère mort pendant la guerre de libération, mais ce sont les femmes qu'elle rencontre, les héroïnes invisibles, les paysannes et leurs souvenirs des années 54/62. Et plus loin encore, les aïeules de 1841/1871. «Par la voix des femmes nous pénétrons notre histoire», écrit Wassyla Tamzali. Cette séance sera marquée par un débat animé notamment par Amel Chouati (auteure d'un recueil de textes autour de Assia Djebar, Ndlr), Denise Brahimi, Jeanne-Marie Clerc, Cherifi Laâkri, Ahmed Bedjaoui (son ancien producteur et ami) et Jalila Dor.