L'écrivaine Assia Djebar est décédée, dans la nuit de vendredi à samedi, dans un hôpital parisien, en France, a-t-on appris de sources concordantes. Née Fatma-Zohra Imalhayène à Cherchell le 30 juin 1936, l'écrivaine et historienne était membre de l'Académie française. La triste nouvelle, parue ce samedi 7 février au sujet de la mort de l'écrivaine Assia Djebar, est confirmée. Un communiqué de sa famille diffusé sur les réseaux sociaux aurait annoncé ce décès. "Sa mère, Madame veuve, Baya Imalhayène, Sa fille, Jalila Imalhayène Djennane et son gendre, Mohamed Djennane, Son frère, Samir Imalhayene, Sa sœur, Sakina Bouchamma Imalhayene et son beau-frère, Mohamed Bouchamma , Ses petits-enfants, Amaÿs et Jasmine Ses neveux et nièces, Fella, Chawki, Adnan, Fella et Amel, Malek Alloula et ses amis ont la douleur de vous annoncer le décès de Assia Djebar, de son vrai nom Fatma-Zohra Imalhayène, Ecrivain, membre de l'Académie française", nous a appris hier ce communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. Assia Djebar naît dans une famille de petite bourgeoisie traditionnelle algérienne amazighe. Son père, Tahar Imalhayène est un instituteur (issu de l'Ecole normale d'instituteurs de Bouzaréah) originaire de Gouraya. Sa mère, Bahia Sahraoui, appartient à la famille amazighdes Berkani. Assia Djebar passe son enfance à Mouzaïa-ville (Mitidja), étudie à l'école française puis dans une école coranique privée. À partir de 10 ans, elle étudie au collège de Blida, faute de pouvoir y apprendre l'arabe classique, elle commence à apprendre le grec ancien, le latin et l'anglais. Elle obtient le baccalauréat en 1953 puis entre au lycée Bugeaud d'Alger (actuel lycée Emir Abdelkader). En 1954, elle entre en khâgne au lycée Fénelon (Paris). L'année suivante, elle intègre l'Ecole normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, où elle choisit l'étude de l'Histoire. Elle est la première algérienne et la première femme musulmane à intégrer l'Ecole. À partir de 1956, elle décide de suivre le mot d'ordre de grève de l'UGEMA, l'Union générale des Etudiants musulmans algériens, et ne passe pas ses examens. C'est à cette occasion qu'elle écrira son premier roman, La Soif. Pour ne pas choquer sa famille, elle adopte un nom de plume, Assia Djebar; Assia, la consolation et Djebar, l'intransigeance. Elle épouse l'écrivain Walid Carn, pseudonyme de l'homme de théâtre Ahmed Ould-Rouis puis quitte la France pour l'Afrique du Nord. À partir de 1959, elle étudie et enseigne l'histoire moderne et contemporaine du Maghreb à la Faculté des lettres de Rabat. En parallèle, aidée par l'islamologue Louis Massignon, elle monte un projet de thèse sur Lella Manoubia, une sainte matrone de Tunis. Le 1er juillet 1962, elle retourne en Algérie. Elle est nommée professeur à l'université d'Alger. Elle y est le seul professeur à dispenser des cours d'histoire moderne et contemporaine de l'Algérie. Dans cette période de transition post-coloniale, la question de la langue de l'enseignement se pose. L'enseignement en arabe littéraire est imposé, ce qu'elle refuse. Elle quitte alors l'Algérie. De 1966 à 1975, elle réside le plus souvent en France, et séjourne régulièrement en Algérie. Elle épouse en seconde noceMalek Alloula. Pendant une dizaine d'années, elle délaisse l'écriture pour se tourner vers un autre mode d'expression artistique, le cinéma. Elle réalise deux films, La Nouba des Femmes du Mont Chenoua en 1978, long-métrage qui lui vaudra le Prix de la Critique internationale à la Biennale de Venise de 1979 et un court-métrage La Zerda ou les chants de l'oubli en 1982. En 1999 elle soutient sa thèse à l'université Paul-Valéry Montpellier 3, une thèse autobiographique, une thèse sur sa propre œuvre : Le roman maghrébin francophone, entre les langues et les cultures : quarante ans d'un parcours : Assia Djebar, 1957-1997. La même année, elle est élue membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Depuis 2001, elle enseigne au département d'études françaises de l'université de New York. Le 16 juin 2005, elle est élue au fauteuil 5 de l'Académie française, succédant à Georges Vedel, et y est reçue le 22 juin 2006. Elle est docteur honoris causa des universités de Vienne (Autriche), de Concordia (Montréal), d'Osnabrück (Allemagne). Les œuvres d'Assia Djebar ont été traduites en 21 langues. Une chose est sûre, Asssia Djebar restera à jamais une grande voix de la littérature algérienne.