Le représentant des droits de l'homme en Algérie plaide implicitement en faveur de la révision de la Constitution. Depuis la victoire «historique» de Bouteflika à la présidentielle du 8 avril dernier, un nouveau régime politique a fait sa mue en Algérie, de l'avis de l'éminent juriste, M.Mustapha Farouk Ksentini. «Nous sommes sous un régime présidentiel» a martelé, hier, le président de la Cnppdh sur le plateau de l'Entv. «Le président de la République est investi de larges prérogatives conformément à plusieurs articles contenus dans la Constitution». Telle était la réponse de M.Ksentini à une question liée au rôle qu'assume la Commission de la protection et la promotion des droits de l'homme dont il est le premier responsable. Implicitement, Farouk Ksentini plaide en faveur de la révision de la Constitution afin que le régime présidentiel, existant de facto dans notre pays, puisse être instauré véritablement dans notre pays, comme le veut le besoin présent. «Nous sommes les conseillers du président Bouteflika au sujet de la promotion des droits de l'homme en Algérie (...) la Cnppdh n'est qu'une institution consultative», dira encore, M.Ksentini. Il ajoute au passage que l'instance dont il tient les rênes a vu le jour en 1993 sur recommandation express de la commission des droits de l'homme siégeant à l'ONU. En outre, M.Mustapha Farouk Ksentini considère que «l'Algérie est un pays émergent en matière des droits de l'homme». En ce sens, l'orateur a souligné que la situation des droits de l'homme dans notre pays souffre de beaucoup d'insuffisances. Lesquelles insuffisances, telles qu'énumérées par le président de la Cnppdh ont trait notamment au fonctionnement de notre système judiciaire, objet de profondes réformes depuis 2001 devant aboutir, entre autres, selon M.Ksentini «à l'annulation définitive de la détention préventive et à l'indépendance de nos magistrats». Egalement en termes du manque à gagner en matière des droits de l'homme en Algérie, M.Ksentini a stigmatisé les dépassements de l'administration et la situation actuelle de la liberté de la presse, regrettant, au passage, l'incarcération de Mohamed Benchicou, directeur du journal Le Matin. Au sujet de l'épineuse question des disparus, M.Farouk Ksentini n'a pas été prolixe. Il s'est contenté de dire: «Dans le rapport définitif que je remettrai à M.Bouteflika le 31 mars 2005, nous proposons des suggestions propres à apporter un plus à la solution finale de ce problème.» Concernant l'acharnement de certaines associations des familles de disparus, avec virulence à l'endroit de la Cnppdh, M.Ksentini «invite» ces associations à saisir la justice, si elles s'estiment lésées. Le président de la Cnppdh a mis l'accent sur le fait que certaines parmi ces associations sont manipulées, notamment de l'extérieur du pays. M.Ksentini a déjà pointé d'un doigt accusateur Mme Danielle Mitterrand d'être derrière le financement de l'association SOS Disparus. Sur ce point précis, il dira: «A ce jour, je n'ai pas encore été démenti.»