La Chine est venue proposer aux Africains de les aider à sortir d'un sous-développement structurel fruit d'un héritage colonial «Allez à la conquête de la science même en Chine» Hadith authentique Cette semaine s'est tenu à Johannesburg un Sommet Chine-Afrique qui a drainé l'essentiel des dirigeants africains. La Chine poursuivant sa stratégie tranquille d'un co-développement mondial sans condescendance ni relents colonialistes est venue proposer aux Africains de les aider à sortir par le haut de l'ornière d'un sous-développement structurel fruit d'un héritage colonial, voire néocolonial où les anciennes puissances ont toujours la nostalgie de l'Empire et pensent garder le pré carré comme au bon vieux temps des colonies. C'est dans ce cadre qu'il faut replacer toutes les chevauchées fantastiques des anciennes puissances qui ont perdu leur lustre il y a bien longtemps mais qui continuent à se vouloir un destin planétaire quand bien même elles seraient les vassaux de l'hyperpuissance américaine. Je veux parler de la perfide Albion et du coq gaulois. Ce que propose la Chine Ayant le sens de la symbolique et convoquant l'Histoire, l'immense Chine héritière d'une civilisation quatre fois millénaire propose de faire revivre une route de la soie du XXIe siècle, dans laquelle serait impliquée indirectement l'Afrique par la «porte» du Kenya. Il faut savoir en effet que la devise chinoise d'une prospérité partagée est une constante de la politique de bon voisinage chinoise. Dans le cadre du Sommet Afrique-Chine qui vient de se dérouler à Johannesburg, un mois après le Sommet Afrique-Inde de New Delhi, le président chinois Xi Jinping s'est engagé à former 40.000 techniciens africains en Chine et 200.000 autres en Afrique. Il s'agit, selon le chef de l'Etat chinois, de permettre à l'Afrique d'acquérir l'expertise nécessaire à son développement industriel. Dans la même dynamique, M. Xi a annoncé des aides financières pour un montant de 60 milliards $: «La Chine a décidé d'octroyer un total de 60 milliards de dollars d'aide financière, incluant 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards à taux préférentiels», a-t-il promis, ajoutant à ce soutien massif l'effacement, pour les pays les moins avancés, des «dettes gouvernementales, sans intérêt, échues fin 2015». (1) Quand l'UE arrive en Afrique pour dire «nous sommes à vos côtés pour lutter contre la pauvreté dans le respect de la bonne gouvernance», quand les Etats-Unis arrivent avec leur «nous allons vous aider à changer vos moeurs et à réécrire vos constitutions pour y introduire le droit aux gay prides», quand la Chine débarque avec 60 milliards de dollars avec 10 immenses projets et leur dit «maintenant, mettons-nous au boulot», qui croyez-vous que les Africains vont écouter? Le président chinois Xi Jinping a annoncé vendredi dernier à Johannesburg que la Chine lancera 10 grands projets afin de promouvoir la coopération avec l'Afrique dans les trois prochaines années. Les projets concernent l'industrialisation, la modernisation de l'agriculture, les infrastructures, les services financiers, le développement vert, le commerce et la facilitation des investissements, la réduction de la pauvreté et le bien-être, la santé publique, les échanges entre les peuples, et la paix et la sécurité, Pour assurer la bonne mise en oeuvre de ces initiatives, le président Xi a annoncé que la Chine va fournir un soutien financier de 60 milliards de dollars d'aide financière, incluant 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards de prêts à taux préférentiels. «Les relations sino-africaines ont atteint aujourd'hui un stade de croissance sans égale dans l'histoire», a déclaré M. Xi. (2) Devant la chute drastique des prix du pétrole devant une abondance entretenue et une récession mondiale, il ne faut pas espérer d'embellie des prix qui peuvent passer durablement sous la barre des 40 $ le baril pendant longtemps. L'Algérie devrait réviser fondamentalement sa stratégie pour aller vers une transition énergétique, et une quête d'autosuffisance alimentaire dans un contexte de changements climatiques qui la menacent. Il nous faut mettre en place un nouveau Snat plus ambitieux qui peut aboutir à la création de villes nouvelles au Sud, de périmètres irrigués avec l'eau disponible (nappe phréatique) l'électricité, il est possible avec même l'apport des jeunes, notamment du Service national de faire reverdir le Sahara dans le cadre d'une politique de grands travaux hydrauliques comme celle qui a eu lieu sous Roosevelt aux Etats-Unis (New deal) à prendre en exemple, dans ce cadre. Deux projets structuraux peuvent être mis en oeuvre: Le Plan Marshall d'une transition énergétique D'abord la stratégie énergétique pour un développement humain durable par la mise en place sans tarder d'un modèle énergétique qui fixe le cap énergétique à 2030 en misant d'abord et avant tout sur le gisement d'économie d'énergie basée sur une rationalisation de la consommation d'énergie. Il n'est plus question de consommer pour consommer. «Comment consommer moins, consommant mieux», tel devrait être notre credo. L'énergie a un coût, l'eau à un coût, l'électricité a un coût. Les mesures adoptées pour 2016 vont dans le bon sens, mais ne nous leurrons pas, elles ne freineront pas la consommation, plus grave encore, l'hémorragie aux frontières du fait d'un différentiel de 50 DA par litre de carburant fera qu'elle sera toujours aussi importante. Des solution existent, notamment celle de mettre un quota de carburant calculé sur la moyenne d'une consommation annuelle sur une puce, et le consommateur n'aura qu'à présenter sa carte pour avoir son quota même en plusieurs tranches. Si son véhicule est énergivore ou s'il roule plus qu'un seuil retenu (par exemple 20.000 km), il y a un supplément qu'il pourra acquérir auprès des pompes à essence à un prix qui va graduellement rejoindre le prix qui nous permet d'éviter les hémorragies aux frontières. Dans le même ordre, il sera utile de donner corps à la nécessité de convertir une partie du parc au sirghaz. Des formules de prise en charge d'une partie du financement pas les banques existent, il est nécessaire de les mettre en oeuvre *. De plus, la mise en place d'un Plan Marshall pour les énergies renouvelables est indispensable; c'est là qu'interviendrait l'apport technologique de la Chine du fait d'un solaire compétitif et d'un gisement solaire exceptionnel. La Chine nous aiderait à mettre en place une industrie du solaire à la fois solaire et thermique, mais aussi l'éolien et la géothermie. Chaque calorie exportée devra correspondre à une calorie renouvelable. La nécessité du Barrage vert Le Barrage vert, lancé en 1974, pour faire face à l'avancée du désert, visait à reboiser un périmètre de 3 millions d'hectares d'est en ouest, sur une longueur de 1 200 km et sur une largeur qui varie de 5 à 20 km. Le projet n'a pas donné l'occasion aux populations locales de l'adopter en tant qu'initiative complémentaire à leur mode de vie socio-économique basé essentiellement sur l'élevage, selon des experts. Autre déboire connu par cette opération d'envergure, le choix d'une seule essence forestière qui est le pin d'Alep, une espèce très sensible aux effets ravageurs de la chenille processionnaire qui s'y est installée d'ailleurs dès 1982. Les décideurs et les techniciens se sont rendu compte également de la nécessité d'associer à cette opération de petits projets de proximité de type agricole et para-agricole au profit des populations pour leur permettre d'améliorer leurs conditions de vie. (3) Une initiative consiste à le réhabiliter; le Barrage vert fera l'objet d'un vaste projet de réhabilitation dont les études sont actuellement en cours de finalisation pour préserver cette ceinture «clé» dans la lutte contre la désertification en Algérie. «En attendant la finalisation de l'étude portant sur la réhabilitation du Barrage vert, l'accent est mis essentiellement sur la réhabilitation des sites qui ont connu des dégradations avancées et la consolidation du patrimoine existant par des opérations d'entretien des plantations forestières sur 1 120 ha et de mise en défense sur 235.500 ha», a déclaré à l'APS le directeur général des forêts. Il consiste à privilégier des programmes de développement rural intégré reposant sur des mécanismes participatifs et sur l'intégration de stratégie d'élimination de la pauvreté, a expliqué le directeur des forêts.«Ce programme est en cours d'exécution à travers la démarche ascendante du renouveau rural, tout en impliquant les différents intervenants notamment les populations», a-t-il souligné. «Les actions essentielles concernent notamment la protection des parcours steppiques, la constitution et la gestion d'un potentiel alfatier de plus de 500.000 ha sous forme d'un fonds alfatier, la protection contre l'ensablement des agglomérations, des périmètres agricoles et des principales infrastructures socio-économiques des wilayas du Sud. De grands efforts sont à fournir dans les régions concernées afin de redonner au Barrage vert sa vocation initiale qui est celle de grand rempart contre la désertification», a estimé le directeur, soulignant que ce projet, après plus de 40 ans de son lancement, est toujours considéré comme un moyen «incontournable» dans la lutte contre la désertification. Lancé au début des années 1970, le Barrage vert a été toujours entravé par les pressions climatiques qui constituent une source d'inquiétude permanente pour l'administration forestière. La monoculture du pin d'Alep, sensible à l'attaque de la chenille processionnaire, les difficultés d'adaptation aux variations pédoclimatiques et le caractère des plantations soumises au régime forestier, incompatible avec l'activité pastorale dominante dans la région, n'ont pas permis d'atteindre les objectifs initiaux de reboisement de 3 millions d'hectares sur une bande steppique de 20 à 30 km allant de la frontière Est du pays à sa frontière Ouest. Dans le même ordre, une initiative de l'Union africaine s'inspire du Barrage vert algérien. Elle consiste à ériger une Grande Muraille Verte du Sénégal à Djibouti sur 7000km et une profondeur de 155km. La GMV «veut s'imposer au niveau régional et mondial en tant que projet intégré pour le développement durable et la lutte contre la pauvreté au sein du continent africain. La valeur ajoutée de l'initiative Muraille verte c'est de promouvoir la coopération Sud-Sud à travers notamment des projets transfrontaliers». Pourquoi à l'instar de la GMV, l'Algérie ne demanderait pas à l'Union africaine, au Nepad, au Fonds vert de la COP 21, un financement pour le Barrage vert qui pourrait, avec le concours de la Chine être une réalité? Notre coopération avec la Chine Dans une conférence intitulée «La Chine, une opportunité pour l'Algérie?», Fatiha Talkahite, universitaire et chercheuse au Cnrs, lors du colloque qui s'est tenu à Constantine les 10 et 11 mai 2015 affirme sur la Chine en Algérie: «Jusqu'à présent, l'Algérie a su profiter des opportunités que lui offre la Chine, sur le plan économique, pour importer des biens bon marché destinés à la consommation populaire et des classes moyennes, auxquels elles ne pourraient accéder sinon. Mais aussi pour rattraper son retard dans la construction des logements et des infrastructures. Non seulement parce que les prix et les délais offerts par les Chinois sont concurrentiels, mais aussi parce que les entreprises chinoises s'adaptent au contexte algérien. Cependant, cela s'inscrit dans une vision de court terme, pour répondre à des urgences. Or, l'Algérie pourrait, dans une perspective à plus long terme, s'arrimer à la formidable dynamique chinoise et prendre sa part... (...) La présence culturelle chinoise en Algérie pourrait et devrait être plus importante. La Chine est un grand pays, un géant de l'économie mondiale. C'est à nous de nous intéresser à sa culture! Malgré l'importance de ses échanges avec la Chine, l'Algérie est un des rares pays africains et arabes à ne pas avoir d'institut Confucius, à cause du refus des autorités. De même pour la langue, partout dans le monde il y a un engouement pour apprendre le chinois, mais en Algérie elle n'est pas enseignée.» (4) Jusqu'à présent, les entreprises chinoises sont surtout des prestataires de services, l'Algérie finance l'essentiel de ses projets sur le budget de l'Etat. Si l'Algérie a de nouveau des difficultés financières, elle pourrait se tourner vers les banques chinoises, ce qui lui permettrait de diversifier ses créanciers. La Chine est engagée dans un processus visant à faire du yuan une monnaie internationale, et elle va à terme vers la convertibilité du yuan. Elle a besoin pour cela du soutien de ses partenaires commerciaux. Il est urgent d'avoir cette réflexion en Algérie en y intégrant la Chine, et de sortir d'une vision étroite qui réduit le recours au chinois à l'urgence et au court terme.» (4) Sans vouloir remonter à la lutte de libération période pendant laquelle le président Mao a été l'un des premiers à reconnaître le GPRA, et l'avoir soutenu pour l'indépendance, les relations ont toujous été empreintes d'amitié mais surtout de coopération, il faut bien le dire, sans sédimentation algérienne de savoir et de transfert de technologie. Le moment est venu de faire de l'Algérie dans la vision de la Chine une porte d'entrée pour l'Afrique et un maillon de la route de la soie qui peut aborder à la fois le continent africain par le Sud (Afrique du Sud) l'Est (le Kenya) et le Nord (l'Algérie). Le chantier du Barrage vert, celui du Plan Marshall pour la mise en place d'une industrie intégrée pour les énergies renouvelables constitueront sans nul doute des exemples à suivre et donneront un sens à la coopération Winn-Winn mutuellement profitable en dehors de celles des anciennes puissances coloniales qui ont encore et toujours le complexe néocolonial. La future coopération devrait aussi permettre à l'Algérie d'asseoir un système éducatif performant qui commence par la mise en place de fabrications d'équipements pédagogiques. C'est cela le vrai sens d'une coopération Sud Sud mutuellement profitable et de loin plus profitable et génératrice de paix que toutes les promesses que le Nord nous a faites. 1.http://www.agenceecofin.com/investissement/0612-34355-la-chine-promet-de-former-240-000-techniciens-africains-dans-le-secteur-industriel 2.http://french.xinhuanet.com/2015-12/04/c_134886492_2.htm 3.http://www.algerie1.com/actualite/le-barrage-vert-algerien-inspire-les-initiateurs-de-grande-muraille-verte-africaine/ 4.http://www.letempsdz.com/index.php/132-actualite/169412-fatiha-talahite,-universitaire-et-chercheuse-au-cnrs,-au-temps-d-alg%C3%A9rie-%C2%ABl-alg%C3%A9rie-a-beaucoup-%C3%A0-gagner-avec-la-chine%C2%BB/