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11 décembre 1960 et les leçons de l'Histoire
Publié dans L'Expression le 10 - 12 - 2015

Demain nous célébrons le 55e anniversaire du peuple algérien qui a envoyé un message d'unité au monde en général et à l'ONU en particulier. Aujourd'hui encore, notre unité reste le rempart infranchissable qui nous protège de nos ennemis. Ils existent encore. Malheureusement...
Détournement. Des historiens autoproclamés, d'ici et de là-bas, se relaient pour triturer notre glorieuse lutte de libération. Leur objectif est clair. Se focaliser sur les luttes intestines ou supposées comme telles pour mieux faire oublier le véritable ennemi des Algériens, qui a occupé leur pays durant un siècle et demi. Demain nous célébrons le 55e anniversaire du 11 décembre 1960. C'est le jour où le peuple algérien est sorti en masse dans la rue pour crier au monde entier et au général de Gaulle, venu en tournée en Algérie, sa détermination à son indépendance. Hommes, femmes, enfants, vieillards, tous unis derrière le FLN et son gouvernement provisoire le GPRA. Pourquoi ont-ils fait cette démonstration de force? Ils avaient compris la manoeuvre du chef de l'Etat français qui, une année auparavant, pour sauver son pays, avait annoncé au cours d'une conférence de presse qu'il acceptait le principe d'autodétermination. Il avait tenté par la suite d'introduire une formule qu'il résumait en un slogan «l'Algérie algérienne». Il voulait, par-là, inclure d'autres parties dans le processus de décolonisation. En animal politique, il avait une vision claire des retombées collatérales qu'il voulait éviter, une fois pour toutes à son pays. Pour ce faire, il cherchait à garantir le maintien, dans l'Algérie indépendante, des colons et des harkis notamment. Durant son périple, dans toutes les villes d'Algérie où il s'est rendu, les Algériens ont manifesté leur opposition à sa formule en lui démontrant que leur seul et unique représentant était le FLN. La plus grande résonance fut naturellement obtenue dans la capitale où les représentants de la presse internationale étaient venus en grand nombre couvrir l'événement. L'histoire a voulu que cette démonstration populaire porte en elle, dans le même temps, une autre symbolique. Tout est parti de Diar El Mahçoul, le quartier du chahid Didouche Mourad. La suite est connue. De Gaulle s'en est retourné dans son pays. L'Assemblée générale de l'ONU avait mieux compris, grâce à ces manifestations, la situation en Algérie. Dans sa 15e session tenue le 20 décembre 1960 soit une semaine après les manifestations, «l'ONU reconnaissant la représentativité du GPRA comme interlocuteur et représentant du peuple algérien, et reconnaissant le droit à l'autodétermination et à l'indépendance du peuple algérien et l'impératif d'entamer des négociations entre les deux belligérants, pour trouver une solution pacifique sur la base de l'intégrité territoriale» a été adoptée ce jour-là. C'est inscrit dans sa résolution 1573. Le chemin vers l'indépendance, intervenu moins de deux années plus tard, était scellé. Un million de pieds-noirs suivis des harkis ont rejoint la France. De Gaulle a été accusé de traître et a échappé à cinq attentats dans son pays. Voilà pour les faits. Revenons maintenant à ces pseudos historiens et leur relais médiatique, d'ici et de là-bas. Tous les Algériens auront remarqué leur obsession à réduire la lutte de Libération nationale à des luttes intestines. Ils s'arc-boutent sur des épisodes de notre histoire qu'ils noircissent à souhait. Melouza, la «bleuite», le MNA sont visités et revisités jusqu'à l'écoeurement. Pour occuper l'espace et l'attention de l'opinion et la détourner des Mendès-France, Mitterrand, Massu et de l'OAS. Mieux, pour eux l'histoire de l'Algérie commence dans les années 1950 du siècle dernier. Ce qui leur permet d'occulter tout le siècle et demi qu'a duré la colonisation. Bacri, connaît pas. Le trésor d'Alger volé, mais par qui? L'honneur de la France bafoué par la parole donnée par Bugeaud à l'Emir Abdelkader, un épiphénomène. Le général Pélissier, Saint-Arnaud qu'ont-ils fait de mal? Mendès-France, qui c'est celui-là? Mitterrand, mais c'est l'homme à la rose voyons! Massu, Bigeard, Challe, Salan, des militaires civilisés qui n'ont jamais torturé, qui n'ont jamais assassiné? La liste est longue des douloureux épisodes qu'ont vécus les Algériens depuis le débarquement en 1830. Mais pour les «historiens» en question, tout ceci n'a pas lieu d'en faire une histoire. Leur mission est de tenter de diviser le peuple algérien. Comme le faisaient hier les forces coloniales pour se maintenir en Algérie. Cependant, ces «historiens» qui se trouvent de l'autre côté de la Méditerranée sont dans leur rôle. Près d'un demi-siècle après, ils ne digèrent toujours pas notre indépendance. Y parviendront-ils un jour? Par contre, ceux qui leur servent de relais ici ne sont rien d'autre que des supplétifs plus vicieux que ceux de la période coloniale. Ils se présentent sous un aspect «soft». Un rien détachés. Presque en amis. C'est pourquoi nous rappellerons cette dangerosité contenue dans cette citation de Voltaire: «Mon Dieu gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge.» Par les temps qui courent, la responsabilité de notre ministère de la Culture est totalement engagée. Leur prise de parole dans notre pays est une agression!
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