Le 12e Festival international du film de Dubaï s'est ouvert cette semaine en même temps que le festival de Marrakech, avec plus de 130 films et plus d'une cinquantaine de films arabes achetés à coups de 10.000 dollars pour avoir l'exclusivité du festival émirati. Il faut dire que c'est pour cette raison essentielle que de nombreux films arabes n'ont pas été sélectionnés au festival de Annaba, au Caire ou à Marrakech. Dubaï a presque tout acheté. La bataille des festivals arabes est rude et surtout déloyale, où l'argent fait la loi. Au moment où le festival de Marrakech a réussi à inviter Francis Ford Coppola, le festival de Dubaï, qui ne possède pas de cinéma, a réussi à inviter l'actrice française Catherine Deneuve, pour un hommage spécial. La star du cinéma français a reçu un Prix pour l'ensemble de sa carrière «qui s'étend sur près de 60 ans et comprend plus de 120 films». Se félicitant de cette distinction, l'actrice a souligné que son «travail, reconnu au Moyen-Orient, est une preuve que le cinéma est multiculturel et universel». Une distinction similaire a été décernée à d'autres cinéastes, dont les acteurs, indien Naseeruddin Shah et égyptien Ezzat al-Alayli. Au total, 136 films, dont de longs métrages et des documentaires représentant 60 pays, seront projetés durant le festival qui s'achève le 16 décembre. Mais au-delà de la grandeur de ce festival, il y a le pouvoir de l'argent qui a un peu terni l'image du cinéma arabe devenu trop matérialiste et moins engagé dans les causes justes. Avec l'abandon l'an dernier du Festival international du film d'Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis, après huit éditions, celui de Dubaï est en train de confirmer sa place de centre régional pour la promotion du cinéma arabe et mondial. Pour cela il doit payer en devises fortes la présence des stars arabes et étrangères. Catherine Deneuve est connue pour son amour du faste et de l'argent. Elle s'est laissée convaincre facilement par Moumen Khalifa, quand il a sponsorisé l'Olympique de Marseille, de venir à Alger pour assister au match de gala et dîner avec le Premier ministre de l'époque, Ali Benflis. Le festival de Dubaï, tout comme le festival de Marrakech, savent séduire les stars internationales. Le Maroc en offrant un studio et des décors d'Orient et le festival de Dubaï en payant rubis sur l'ongle la venue des stars. Chaque pays choisit sa manière de rendre service à son pays. A Dubaï, l'Algérie fait figure d'outsider avec deux films, les longs métrages «Maintenant ils peuvent venir» de Salim Brahimi et «Samir dans la poussière» de Mohamed Ouzine en compétition pour le «Muhr d'or» du meilleur film. «Madame Courage» de Merzak Allouache et «Le crépuscule des ombres» de Mohamed Lakhdar-Hamina, seront projetés hors compétition, dans le cadre du programme «Arabian Nights.» Fondé en 2004, le Festival international du film de Dubaï est également connu pour son marché du film (Dubai Film Market) qui s'attelle à développer la production et la distribution des films en provenance des pays arabes. [email protected]