Les liens entre la calligraphie et l'architecture sont mis en exergue depuis lundi dernier par les participants au deuxième Salon national de la calligraphie qu'abrite la Maison de la culture de Tamanrasset. Cette relation étroite traduisant l'influence des différents genres de calligraphie sur l'architecture algérienne apparaît à travers les 48 oeuvres exposées par 16 calligraphes et artistes représentant huit wilayas du pays (Djelfa, Chlef, Adrar, Biskra, Bejaïa, Jijel, Tiaret et Tamanrasset). Pour le directeur de la Maison de la culture de Tamanrasset, Heniya Ahmed, ce rendez-vous culturel national revêt une «importance particulière» se traduisant par la préservation du patrimoine culturel, dans tous ses genres, et par la valorisation de la beauté et la finesse artistique de la calligraphie arabe et amazighe, tifinaghe notamment, en tant que traits du cachet architectural national. Outre l'exposition, cette édition a prévu l'animation d'une série de communications et exposés permettant au public de s'imprégner des techniques et spécificités d'utilisation de la calligraphie dans l'architecture, joignant l'utile à la beauté du style, pour pérenniser la valeur esthétique et ancrer l'identité. Le chercheur Hamza Boukhedda de la wilaya de Tiaret a, dans sa communication intitulée «murmures des minarets», mis en relief l'importance du minaret dans les lieux de culte, la mosquée en tant que noyau central régulant la vie spirituelle dans la société, ainsi que des traits esthétiques, dont l'enluminure et l'art calligraphique en tant qu'élément identitaire. «L'introduction de la calligraphie locale dans l'architecture islamique a été adoptée durant les conquêtes islamiques, pour préserver la conception des mosquées et véhiculer et propager, de manière pacifique, tolérante et progressive, les valeurs et préceptes de l'Islam», a-t-il souligné. Pour Hamza Mohamed, enseignant de langue amazighe à Tamanrasset et calligraphe en tifinagh, «harmoniser la calligraphie et l'architecture revêt une importance dans la promotion de la culture, la préservation de l'identité nationale par l'attachement aux us et traditions ancestrales à l'ère de la mondialisation menaçant diverses cultures». Le calligraphe Brika Mohamed de la wilaya d'Adrar a, dans son exposé sur «les divers genres de la calligraphie arabe», mis l'accent sur la nécessaire protection de cet authentique mode de transcription arabe et de la culture arabe, à travers la valorisation des différentes formes de calligraphie, utilisées notamment dans l'architecture. Ce salon a été mis à profit pour rendre hommage, à titre posthume, à Abdelhamid Laâroussi, président de l'Union nationale des arts culturels (décédé l'an dernier), ainsi qu'à Hamza Mohamed pour ses efforts dans la préservation et l'enseignement de la calligraphe en tifinagh.