Les exportations des hydrocarbures ont baissé de près de 24 milliards de dollars en l'espace de 11 mois, passant de 56,2 milliards de dollars à 32,36 milliards de dollars alors que le pétrole a chuté à son plus bas niveau depuis mai 2004 à Londres. Le baril tourne le dos à l'Algérie. L'économie nationale est prise en tenailles. Les cours de l'or noir s'effondrent. Son déficit commercial se creuse inexorablement. Un scénario qui n'annonce rien de bon pour l'avenir. La dégringolade des prix du pétrole qui a déjà sévèrement affecté la trésorerie du pays va la laminer davantage. Les recettes engrangées grâce à la fiscalité pétrolière vont à coup sûr s'amenuiser à un rythme infernal. Elles avaient atteint 1 254,9 milliards de dinars à la fin juin 2015 contre 1 518,3 milliards de DA au second semestre 2014 et 1 870 milliards de DA au premier semestre de la même année, selon les chiffres rendus publics par la Banque d'Algérie. Le trou va se creuser encore plus et mettre sans coup férir l'Algérie dos au mur. Chiffres à l'appui. Les exportations des hydrocarbures ont baissé de près de 24 milliards de dollars en l'espace de 11 mois, passant de 56,2 milliards de dollars à 32,36 milliards de dollars alors que le pétrole a chuté à son plus bas niveau depuis mai 2004 à Londres. «La balance commerciale de l'Algérie a enregistré un déficit de 12,626 milliards de dollars sur les 11 premiers mois de l'année 2015, contre un excédent de 5,452 milliards de dollars sur la même période de 2014», ont annoncé hier les douanes algériennes citées par l'APS. «Sur la période allant de janvier à novembre 2015, les exportations ont reculé à 34,371 milliards de dollars contre 59,133 milliards de dollars sur la même période de 2014, soit une chute de 41,88%», indiquent les services du Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis), une conséquence directe de la dégringolade des prix du pétrole qui ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis la mi-juin 2014. Hier, vers 12h00 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 36,38 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, soit une baisse de 50 cents par rapport à la clôture de vendredi dernier. Le prix du baril de Brent est tombé vers 9 heures30 à 36,05 dollars, atteignant ainsi son niveau le plus faible depuis le début du mois de mai 2004. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier, dont c'est le dernier jour de cotation, perdait 23 cents à 34,50 dollars. Le WTI restait proche d'un plus bas niveau depuis mi-février 2009 a atteint vendredi dernier 34,29 dollars. Plus tard, vers 15h00 heure algérienne, le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en janvier cédait 43 cents pour se négocier à 34,30 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Il avait clôturé la semaine précédente à son plus bas niveau depuis février 2009. Une saignée! Les exportations des hydrocarbures, qui constituent l'essentiel des recettes en devises du pays se sont contractées au point de perdre 23,84 milliards de dollars, soit une baisse de 42,42% pour les 11 premiers mois de l'année. Pour le mois de novembre uniquement, «les hydrocarbures ont représenté l'essentiel des ventes algériennes à l'étranger avec une part de 92,79% du volume global des exportations, soit 2,01 milliards de dollars contre 4,68 milliards de dollars en novembre 2014», souligne le document du Cnis. Une petite lueur tout de même dans cette grisaille. La facture des importations qui doit rester assez élevée, autour des 50 milliards de dollars d'ici la fin de l'année, a reculé de près de 7 milliards de dollars. «Les importations ont également baissé mais à un moindre rythme pour se chiffrer à 46,997 milliards de dollars contre 53,681 milliards de dollars, en baisse de 12,45%», indique la même source. Une maigre consolation qui ne suffira pas à tirer l'Algérie, qui continue à dépendre de ses exportations d'hydrocarbures, de la zone rouge. «Les exportations hors hydrocarbures ont également baissé pour se chiffrer à 1,916 milliard de dollars contre 2,5 milliards de dollars (-23,36%)», font observer les rédacteurs du rapport du Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes. Une conjoncture qui s'annonce des plus moroses. «Les cours du Brent sont tombés à un plus bas depuis 2004 (...) alors que la production mondiale reste à des niveaux record et que le renforcement du dollar depuis la semaine dernière pèse sur la demande», expliquait Daniel Papier, courtier chez ETX Capital. L'Algérie a donc tout intérêt à intensifier son initiative pour sortir de son addiction à l'or noir...