Les prix du pétrole grimpaient hier en cours d'échanges européens à la faveur d'achats à bon compte, après avoir dégringolé la veille à leur plus bas niveau en six mois pour le Brent, mais ils restent lestés par la surabondance de l'offre. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre valait 50,36 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 84 cents par rapport à la clôture de lundi dernier. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance gagnait 79 cents à 45,96 dollars. «Les cours du Brent sont timidement dans le vert ce mardi et tentent de regagner du terrain, mais restent autour des 50 dollars le baril», selon des analystes. Les cours du Brent, la référence européenne du brut, ont plongé lundi dernier, passant sous la barre des 50 dollars le baril et atteignant leur plus bas niveau depuis le 30 janvier, à 49,36 dollars le baril. Le Brent s'est ainsi rapproché de plus en plus de son minimum en six ans, atteint à la mi-janvier lorsque le brut s'échangeait à 45,19 dollars le baril. Le WTI est quant à lui tombé lundi à son plus bas niveau depuis le 23 mars 2015, à 45,08 dollars le baril. «Les perspectives du marché du pétrole restent moroses alors que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) produit à des niveaux records et que la baisse de la production américaine reste limitée», soulignaient les analystes selon qui «même si les niveaux de production finiront par réagir et à baisser face à la dégringolade des cours, il tend à y avoir un décalage» entre la baisse des cours et la réaction des producteurs. Selon les experts de Commerzbank, même si les cours se reprennent un peu, cela ne durera probablement pas vu la surabondance de 1,5 à 2 millions de barils par jour (bpj) entraînée par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). «Pendant les prochaines semaines, on devrait toucher des plus bas niveaux depuis plusieurs années», ont-ils annoncé. Le risque de la baisse des cours du pétrole au dessous des 50 dollars plane ainsi sur les pays producteurs et exportateurs de pétrole et pourrait sérieusement menacer leurs ressources financières. L'Algérie, en étant le 18e producteur de pétrole et le 12e exportateur, est hautement concernée par une telle situation. Le gouvernement en a pris conscience. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait déjà tiré la sonnette d'alarme, en mai dernier, en disant précisément : «La situation à laquelle est confronté notre pays est délicate. Nous devons tous en être conscients. La baisse des prix des hydrocarbures risque de s'étaler dans le temps et d'impacter négativement les ressources des producteurs dans le monde.» Signalant que la situation macroéconomique demeure, actuellement, «sous contrôle» en raison de la situation des réserves de change du pays et de son faible endettement externe par suite du remboursement anticipé de la dette extérieure décidé par le président de la République, le Premier ministre avait indiqué que l'Algérie pourrait maintenir cette situation macroéconomique jusqu'à 2019, si le prix référentiel du pétrole se maintient à 60 dollars le baril. Avec un tel prix, les réserves de change de l'Algérie pourraient s'élever à 38 milliards de dollars, en 2019, a-t-il prévu. Toutefois, l'économie pourrait prendre un autre tournant, au cas où les cours du baril baisseraient à 50$. L'Algérie verrait ainsi ses réserves de change baisser à 9 milliards de dollars, en 2019, avait-t-il averti. Pour rappel, la loi de Finances complémentaire 2015 a été élaborée sur la base d'un prix de 60 dollars le baril, même si elle a maintenu un prix de référence à 37 dollars. Faudrait-il alors apporter d'autres ajustements pour faire face aux nouveaux développements que connaît le marché pétrolier ? B. A.