Il a rappelé aux chaînes «ne disposant pas d'agrément» qu'il était «préférable» qu'elles «n'émettent plus». Les pouvoirs publics semblent décidés à mettre de l'ordre dans le secteur de l'audiovisuel. Hamid Grine l'a clairement laissé entendre depuis Biskra où il se trouvait jeudi dernier: «Le ministère de la Communication n'acceptera pas la logique du fait accompli», y a-t-il, en effet, déclaré, en référence à l'abracadabrante situation prévalant présentement dans le champ télévisuel national où des chaînes non agréées émettent sans contrainte aucune. Conciliant, il a rappelé aux chaînes «ne disposant pas d'agrément» qu'il était «préférable» qu'elles «n'émettent plus» et qu'elles «déposent un dossier pour l'obtenir». Sauf que cette conciliation apparente, soulignée par l'utilisation du terme «préférable», peut ne pas durer longtemps. Outre son affirmation du clair refus de son département «de toute logique du fait accompli dans le domaine», le ministre a laissé, non moins clairement, entrevoir cette perspective et ce, par la métaphore de la nécessité pour toute personne, souhaitant entrer dans un pays, d'en obtenir d'abord le visa réglementaire pour le faire, qu'il a utilisée pour rappeler à leurs responsables respectifs l'obligation qu'ils ont à régulariser dans les plus brefs délais leur situation. Des propos qui sonnent, pour de nombreux observateurs, comme un avertissement sérieux préludant à la prise de mesures coercitives à l'encontre de ces chaînes. «Coercitives», dans le sens où elles visent à les obliger à se conformer à la législation en vigueur. Et ce, en leur qualité d'entités de droit étranger: toutes les chaînes de télévision privées, les cinq disposant déjà d'un agrément et toutes les autres qui ne l'ont pas encore, émettant en Algérie ont, en effet, ce statut juridique. Une aberration typiquement algérienne qui s'explique par la non-promulgation encore des textes législatifs permettant une ouverture effective du champ audiovisuel national. Et dont la conséquence, tout aussi aberrante, est que toutes les chaînes de télévision privées nationales sont dans l'obligation de demander un agrément pour, non pas émettre: de droit étranger, elles peuvent le faire de là où elles ont, officiellement, leur siège principal, mais pour ouvrir un bureau en Algérie. Ce que cinq ont déjà fait et, partant, obtenu leur agrément/sésame. Et ce que tout le reste, une trentaine, attend toujours de le faire. C'est, à l'évidence, à ce «reste» que s'adresse l'avertissement à peine voilé du ministre de la Communication lancé, jeudi dernier, à partir de la capitale des Ziban. Un avertissement qui a toute sa raison d'être s'il vise, comme ne cesse de le répéter, à chaque occasion qui lui est donnée de le faire, son premier responsable national, à la seule remise en ordre d'un secteur à la sensibilité politique manifeste. Mais qui pourrait être interprété par nombre de parties, nationales et étrangères, comme une volonté pernicieuse des pouvoirs publics de donner un tour de vis à la liberté d'expression - réelle, quoi qu'en disent des parties malintentionnées - dans le pays. Sur un autre plan, en rapport, cette fois-ci, avec la presse écrite, Hamid Grine a eu à s'exprimer lors de sa visite à Biskra sur deux autres points: la publicité octroyée par l'Anep. Et ce, pour dire que celle-ci «n'était pas un droit pour les journaux», que son département «n'interfère aucunement sur ce point (l'octroi par cette agence de la publicité, pour être plus clair) et que, concernant cette dernière, son seul souci «est sa modernisation».