La dégringolade des cours de l'or noir occasionne un déficit budgétaire historique de 98 milliards de dollars (89,2 milliards d'euros) à l'économie du Royaume Wahhabite, en 2015. La dégringolade des prix du pétrole c'est comme la grippe ou la gale. Elles ont une caractéristique commune: celle de provoquer une épidémie. Qui s'y frotte s'y pique. Les pays producteurs de pétrole, ceux de l'Opep en l'occurrence, n'ont pas été épargnés, dans leur quasi-majorité. Personne ne s'en sortira indemne. L'addition sera finalement salée pour tout le monde. L'Arabie saoudite, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui assure plus de 30% de la production mondiale, a enregistré en 2015 un déficit budgétaire record de 98 milliards de dollars (89,2 milliards d'euros) en raison de l'effondrement des prix du pétrole, selon le ministère saoudien des Finances. «Les revenus ont été estimés à 608 milliards de riyals (162 milliards de dollars, 147,5 milliards d'euros), bien en dessous des projections pour cette année et des revenus de 2014, alors que les dépenses se sont élevées à 975 milliards de riyals (260 milliards de dollars, 236,6 milliards d'euros)», ont précisé, hier, des responsables de ce département ministériel lors d'une conférence de presse tenue à Riyad,. Soit l'équivalent de près de 50% de la manne financière que l'Algérie a constituée en l'espace de plus d'une décennie. L'économie du royaume qui a les reins solides a fini par montrer sa fragilité étant donné qu'elle possède cette particularité elle aussi de reposer à plus de 90% sur ses exportations d'or noir. Elle a fini par craquer, de manière peut-être encore plus spectaculaire que ne l'a été celle du Venezuela et à un degré moindre l'économie nationale qui contre vents et marées fait de la résistance. En véritable gendarme du cartel, l'Arabie saoudite paie cher son entêtement à s'opposer à une réduction de la production de l'organisation, qu'elle a mise sous sa coupe, à n'importe quel prix. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait déclaré, au mois de décembre 2014, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, au Middle East Economic Survey (Mees), une revue spécialisée qui fait autorité dans le monde sur les questions du gaz et du pétrole. Depuis, le baril n'a cessé de s'enfoncer pour perdre plus de 60% de sa valeur depuis le mois de juin 2014. Et cela n'a pas l'air de vouloir s'arranger. Le pétrole finira très probablement sous les 40 dollars en 2015. Hier vers 12h00 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février se négociait à 37,22 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 65 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance s'échangeait à 37,26 dollars, accusant un recul de 84 cents comparativement à la séance précédente. Une conjoncture qui amplifie les bruits d'une réunion extraordinaire de l'Opep qui pourrait se tenir au mois de février (lire L'Expression du 19/12/2015). Dans ce cas la question de la réduction de la production de l'organisation sera au coeur des débats. L'Algérie s'était démarquée de la position saoudienne puis s'est clairement prononcée pour cette option il y a une année jour pour jour pratiquement. «L'Algérie ne partage pas la position des gros producteurs au sein de l'organisation (l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, Ndlr), selon laquelle l'Opep doit cesser d'intervenir pour réguler le marché et de le laisser se stabiliser de lui-même», avait déclaré le 27 décembre 2014 le ministre de l'Energie. «L'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres du marché par la baisse de sa production», avait ajouté sans ambages, Youcef Yousfi. Le moment est tout indiqué pour serrer les vannes... avant qu'il ne soit trop tard.