La plupart des pays producteurs dont l'Algérie ont pris des mesures draconiennes ou sont en voie de les prendre pour tenter de limiter les dégâts que va occasionner la dégringolade des cours de l'or noir sur leurs économies. Un prix du baril compris entre 80 et 90 dollars suffirait à bon nombre d'entre eux à équilibrer leurs budgets. Selon les experts, l'Arabie saoudite devrait définir son budget pour 2015 sur la base d'un baril à 80 dollars alors que la Russie a besoin d'un baril à 89,70 dollars au moins pour être en mesure d'équilibrer son budget pour l'année prochaine. Une fourchette des prix qui doit aussi convenir à l'Algérie. Comment redresser la barre? Les prix du pétrole ont perdu 50% de leur valeur depuis le mois de juin. Passant de 115 dollars le baril à quelque 60 dollars sur le marché londonien en ce concerne le brut de la mer du Nord. Moscou n'y va apparemment pas par quatre chemins. Vladimir Poutine opte pour la réaction la plus radicale. «La Russie réduira sa production de pétrole en raison du faible cours mondial du pétrole et du manque d'investissements dans l'industrie énergétique du pays», a annoncé jeudi son vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch dans une dépêche répercutée le 26 décembre par l'agence de presse chinoise Xinhua. Un traitement de choc pour essayer de mettre fin à l'effondrement des prix du brut. La plupart des pays producteurs dont l'Algérie ont pris des mesures ou sont en voie de les prendre pour tenter de limiter les dégâts que doit occasionner la dégringolade des cours de l'or noir sur leurs économies. Des signaux envoyés au marché pétrolier qui pour l'instant semble ignorer ce type de message. Le dernier en date est celui de l'Arabie saoudite chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui a pris en compte la dégringolade des cours du brut en prévoyant gros un déficit pour son budget 2015. Le marché pétrolier n'y a vu que du feu. Le baril de pétrole a poursuivi son plongeon. Le prix du baril de Light Sweet Crude (WTI) pour livraison en février a cédé 1,11 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) vendredi dernier pour clôturer la semaine à 54,73 dollars. «Le marché reste sous pression après les chiffres publiés mercredi par le département de l'Energie, qui montraient une hausse globale des stocks de brut et de produits à base de pétrole aux Etats-Unis», a expliqué Andy Lipow de Lipow Oil Associates. Pas d'embellie en vue donc? «Comme les investisseurs ne s'attendent pas à ce que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prenne une décision quelconque pour réduire sa production, et que l'offre américaine devrait continuer à augmenter l'an prochain, même si des compagnies réduisent leurs budgets, le marché va continuer à s'orienter à la baisse», a pronostiqué Andy Lipow. Le Royaume wahhabite qui s'est fait le porte-parole de l'Opep a en effet engagé un bras de fer avec les pays producteurs de pétrole non-Opep en décidant pratiquement de manière unilatérale de ne pas diminuer la production du cartel pour effacer le surplus de pétrole qui a tiré les prix vers le bas. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou à 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», a déclaré le ministre saoudien du Pétrole dans un entretien au Middle East Economic Survey (Mees), paru lundi dernier. Que chacun prenne ses responsabilités semble dire Ali al-Nouaïmi. En décidant de réduire considérablement sa production, la Russie assume les siennes. «Compte tenu des perspectives moroses, la production de pétrole russe pourrait baisser de 10% dans les deux à trois prochaines années, ce qui n'aura pas de conséquences graves sur les marchés du pétrole mondiaux», a indiqué M. Dvorkovitch à la chaîne de télévision russe Rossiya 24. Quel impact espère-t-il sur la chute des prix? Le Premier ministre russe compte voir le baril rebondir à 80 dollars mais pas avant quelques mois. «Le cours du pétrole sera à terme rétabli par des facteurs fondamentaux et la limite des instruments de spéculation», a-t-il déclaré, cité par l'agence de presse Interfax. L'Algérie n'a plus qu'à patienter.