De nombreuses personnalités ont assisté à l'enterrement, parmi elles Mouloud Hamrouche Le monde politique, artistique et la société civile étaient là pour lui dire adieu. Le soleil pointe à l'horizon et ne tardera pas à se lever sur Ath Hmed. Thissirth N'Cheikh, la place aménagée spécialement pour accueillir la dépouille mortelle d'Ait Ahmed est déjà comble. Des dizaines de milliers de personnes se réveillent au même moment encore couverts de leurs couettes. Plus loin, en bas, des processions montaient par milliers des chemins venant de Mekla, de Larbaâ et dAïn El Hammam. Le soleil commence enfin à se lever adoucissant au fil des minutes la température. Parallèlement, la place se remplissait de monde. Elle devenait noire. Il est à présent 9h, les routes ne pouvaient plus porter les marcheurs. Les arrivants, à présent, ne parvenaient pas à l'intérieur de la place où est aménagé le chapiteau qui abritera la dépouille. Par dizaines de milliers, les visiteurs trouvaient place sur les bords des routes et les crêtes surplombant Thissirth N'Cheikh. Les observateurs estimaient la présence à plus d'un million. D'autres n'hésitaient pas à dénombrer plus de deux millions. Dans les chapiteaux aménagés aux visiteurs, l'on pouvait constater la présence de personnalités de tous les bords politiques et de toutes les générations. Ali Benflis, Khaled Bounedjma, Ahmed Noui, Abdellah Djaballah, Mokrane Aït Larbi, Saïd Khelil et Noureddine Aït Hamouda, mais aussi Mahfoud Belabès et Rachid Nekkaz. Le monde artistique était également présent avec Idir, Rabah Ouferhat et Hacène Ahrès. Vers 11h et quelques minutes, l'ambulance transportant la dépouille du défunt Si Lhocine arrive. Les présents s'entassaient pour pouvoir approcher le cortège. Le véhicule trouvait beaucoup de difficultés pour atteindre le chapiteau où des foules attendaient de jeter un dernier regard. Des funérailles dignes de l'homme Les organisateurs ont peiné à faire traverser à l'ambulance la distance de quelques dizaines de mètres qui la séparait de l'arrivée. Sur place, les difficultés liées à l'impossibilité de maîtriser des centaines de milliers de personnes ne sont que plus grandes. Le neveu de Si Lhocine, Boussad, en charge de l'organisation depuis une semaine, n'a pas pu retenir les foules en place autour du défunt. C'est la désorganisation qui a fini par avoir le dernier mot. En fait, l'enterrement n'a eu lieu qu'après la prière du vendredi comme le veut la tradition. Pendant plusieurs dizaines de minutes, les organisateurs ont souffert pour maintenir un semblant d'ordre. A 14h, la dépouille du défunt arrive à la place éternelle qui lui est réservée. Au tombeau de Cheikh Mohand Oulhocine et dans la tombe à côté de sa mère. Là, aussi, les organisateurs ont souffert pour maintenir les foules qui voulaient approcher une dernière fois le défunt. En fait, les organisateurs n'ont pas trouvé des difficultés à organiser les foules. Bien au contraire, la désorganisation était l'expression, d'une certaine manière de la volonté de Hocine Aït Ahmed d'avoir des funérailles populaires. Le million de personnes venues n'étaient pas mal organisées mais elles voulaient seulement approcher une dernière fois l'homme pour qui elles ont porté un grand respect et une grande reconnaissance. Les slogans par lesquels était accueilli le cortège funèbre étaient aussi l'expression réelle des populations, du vrai peuple de l'Algérie profonde. En effet, à l'arrivée de l'ambulance à Thissirth N'Cheikh, les foules scandaient des slogans aussi divers que contradictoires. L'on pouvait entendre «Pouvoir assassin» «La Illah Illa allah». «Vive l'Algérie» et surtout des youyous. D'aucuns auraient remarqué donc que Hocine Ait Ahmed a eu droit à des funérailles vraiment populaires au sens digne du terme. Il a réellement été enterré par son peuple. Des citoyens protègent le véhicule de Sellal A l'arrivée du cortège funèbre, les véhicules officiels qui accompagnaient l'ambulance ont eu droit à une réception spéciale. Alors qu'ils ont été bien accueillis par les populations des groupes de jeunes n'ont pas hésité à mettre à profit cette occasion pour huer et siffler. Même le véhicule transportant le Premier ministre Abdelmalek Sellal a eu droit à quelques slogans malveillants de certains jeunes. Alors que le cordon de sécurité s'est renforcé, ce sont les citoyens qui ont éloigné ces jeunes du cortège du Premier ministre. A noter que vu la foule entassée sur les routes, le Premier ministre n'a pas pu approcher le chapiteau et s'est résolu à lire la Fatiha un peu plus loin. Malgré les précautions prises et la préparation entamée il y a une semaine, il n'en demeure pas moins que la difficulté d'entrer a été perceptible depuis jeudi. Les organisateurs ont complètement fermé la route aux véhicules à l'entrée de la commune d'Ait Yahia. Les visiteurs ont dû poursuivre la route à pied pour arriver à Thissirth N'Cheikh. Après l'enterrement, la sortie n'a pas été facile. Bien au contraire, à l'heure où nous mettions sous presse des embouteillages monstres se formaient encore aux différentes sorties de la commune.