Le Zaïm porté à bout de bras par une foule immense Des funérailles qui se sont déroulées sous haute tension compte tenu de l'impossibilité aux organisateurs de gérer les dizaines de milliers d'Algériens venus des quatre coins du pays pour dire l'ultime adieu au Moudjahid et militant politique hors pair que fut Ait Ahmed. La dernière volonté de Hocine Ait Ahmed, décédé le 23 décembre 2015 en Suisse, celle que ses funérailles soient nationales et populaires, a été exaucée à la lettre. En effet, toute la cérémonie a porté un cachet complètement naturel où le protocolaire et l'officiel n'avaient pas droit de cité, en dépit de la présence de nombreuses personnalités nationales. Ces dernières sont venues des quatre coins d'Algérie, à l'instar des citoyens de différentes catégories d'âge. C'est à 14 heures, hier vendredi, qu'a été inhumé Hocine Ait Ahmed. Des funérailles qui se sont déroulées sous haute tension compte tenu de l'impossibilité aux organisateurs de gérer les dizaines de milliers d'Algériens venus des quatre coins du pays pour dire l'ultime adieu au Moudjahid et militant politique hors pair que fut Ait Ahmed. Il a fallu des efforts incommensurables aux centaines d'organisateurs, mais aussi aux forces de sécurité et aux éléments de la Protection civile afin de pouvoir acheminer la dépouille mortelle d'Ait Ahmed de Thissirt N'Cheikh vers le cimetière Ath Hmed. En effet, la majorité des visiteurs voulait coûte que coûte toucher et porter la dépouille mortelle. Mais devant une telle affluence, les choses n'étaient pas du tout faciles. Car les citoyens qui s'approchaient de l'ambulance ne s'en éloignaient plus. Et comme tout le monde se dirigeait vers le même endroit, un climat de cacophonie a vite prédominé. Il a fallu des heures pour que les choses rentrent un tant soit peu dans l'ordre. Mais c'était là la propre volonté d'Ait Ahmed: avoir droit à des funérailles nationales et surtout populaires. Elles ont été populaires les funérailles de Hocine Ait Ahmed à tel point qu'aucune étape protocolaire ne pouvait passer devant l'engouement des citoyens et surtout des jeunes à ne pas vouloir rater cet événement historique. C'est ainsi que même pour les prises de parole après la mise en terre, il a été extrêmement difficile d'organiser la cérémonie. Une fois la prière du mort effectuée au niveau de Tissirt N'Cheikh par le célèbre universitaire et théologien, Said Bouyazri, le cercueil du défunt a été transporté vers le lieu de l'enterrement sur un trajet d'environ deux kilomètres au milieu de milliers de citoyens qui avançaient à pied près de l'ambulance de la Protection civile. C'est également après moult efforts de la part des citoyens et des éléments de la Protection civile que le cercueil, enveloppé du drapeau national, a pu être acheminé de l'ambulance vers le lieu de l'enterrement où se trouve également le mausolée de Cheikh Mohand Oulhocine. Les membres du comité de village d'Ath Hmed ainsi que les agents de la Protection civile se sont démenés, autant que faire se peut, pendant de longues minutes pour réussir enfin à extirper la dépouille mortelle que tous les présents voulaient toucher encore pour une dernière fois comme pour exprimer toute leur douleur de perdre un homme politique irremplaçable, leader de l'opposition démocratique algérienne depuis l'indépendance et qui laisse ainsi cette jeunesse orpheline après son décès. Idem au moment de la mise en terre où la ferveur citoyenne n'a pas cessé d'augmenter. Mais le sang-froid du comité de vigilance a réussi à chaque fois à tempérer les ardeurs. La place où a été inhumé Ait Ahmed était noire de monde de bout en bout et on le constatait si bien que les caméramans des dizaines de chaînes de télévisions devant filmer l'événement ont eu beaucoup de mal à accomplir leur mission. Certaines ont d'ailleurs fini par courber l'échine devant une telle pression et ont attendu que la tension baisse pour reprendre leur travail. Mais même une fois la mise en terre terminée, les milliers de citoyens présents sur place n'ont pas quitté les lieux et ont commencé à scander en choeur des slogans comme: «Assa azea, Dda l'Hocine yella yella», «Anwa wigui, dimazighen», «Kabylie chouhada», «Djazair houra démocratia», etc. Des femmes, dont la majorité vêtue de robes kabyles et de la mythique «foudha» traditionnelle, suivait l'enterrement à partir des terrasses des maisons. Une fois l'enterrement terminé, l'imam du village Ath Hmed a procédé à la prise de parole habituelle en pareille circonstance. Deux responsables politiques ont par la suite pris la parole. Il s'agit de l'ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche et de l'ancien premier secrétaire national du FFS, Ali Laskri. Les deux hommes ont loué les qualités de Hocine Ait Ahmed, notamment sa façon d'exercer la politique mais aussi son côté humain. Dans la matinée, le centre-ville de Tizi Ouzou avait vécu des moments émouvants également quand le cortège funèbre a traversé le boulevard Abane-Ramdane. Ils étaient des centaines de citoyens des deux côtés de la chaussée et de bout en bout de la ville des Genêts, à avoir marqué de leur présence le passage du cortège. En plus des militants et sympathisants du FFS, on constatait aussi la présence de centaines de personnes à titre individuel, qui ne voulaient pas passer à côté d'un tel événement. Celui de dire adieu au dernier des historiques et à l'un des pères de la Révolution et de la lutte de libération nationale.