Depuis plusieurs semaines, la guerre aux constructions illicites était de mise dans la wilaya de Béjaïa. Faisant suite à un arrêté de démolition signé il y a un mois par le wali de Béjaïa, la Gendarmerie nationale a dû recourir hier à la force pour déloger les quelques commerçants exerçant aux abords de la route nationale 09 à proximité du campus universitaire d'Aboudaou à Béjaïa. Bien que sommés 48 heures à l'avance d'évacuer les lieux, les commerçants ont tenté une dernière action en procédant tôt le matin à la fermeture de la route nationale 09. Mais c'était compter sans la détermination des services de la Gendarmerie nationale qui ont déployé tout un escadron pour exécuter l'arrêté de démolition et rouvrir par la même occasion la route aux usagers. Entre-temps, une gigantesque file de véhicules s'est formée tout au long de la RN 09 jusqu'à Tichy 15 km plus loin. Décidé à en découdre avec tous les commerces illicites qui polluent les routes nationales et les constructions illicites qui s'érigent un peu partout, les autorités multiplient les mesures coercitives en ordonnant des démolitions qui parfois butent sur des oppositions éphémères, comme ce fut le cas hier. Depuis l'arrivée du nouveau wali, des espaces publics se récupèrent peu à peu à travers des interventions qui ont aussi le mérite de freiner ce fléau de dilapidation des espaces publics. Une grande opération est attendue à Sidi Bouderham où toute une ville est construite sur du foncier public, là où justement des projets d'utilité publique sont prévus. Mais le mal est tellement profond qu'il faudra beaucoup de courage et de patience pour venir à bout d'un fléau induit pour l'essentiel par le laxisme de ces mêmes autorités dans le passé. Ce phénomène préjudiciable n'est pas propre à la commune de Béjaïa. Il reste une réalité dans de nombreuses communes, notamment les stations balnéaires et les axes routiers nationaux. Plusieurs opérations de démolition ont été menées jusque-là avec succès. De Melbou à l'est jusqu'à Saket sur la côte ouest plusieurs bâtisses, pour ne pas dire des baraques, ont été démolies par les pouvoirs publics qui tentent ainsi de récupérer des espaces pour la réalisation des infrastructures publiques mais également de limiter les dangers qui guettent au quotidien les commerces qui sont implantés sur les routes nationales et les usagers qui sont leurs clients. Depuis plusieurs semaines, la guerre aux constructions illicites était de mise dans la wilaya de Béjaïa. Ce sont les taudis de fortune qui en ont fait les frais en priorité. A Kherrata, au niveau de la station balnéaire d'Aokas, les extensions faites par les bénéficiaires de locaux professionnels, ont été démolies par les services de l'APC. Dans la commune de Boukhelifa, c'est la démolition de quelques baraques servant de boutiques érigées face au village touristique Capritour. Toutes les constructions illicites, y compris celles appartenant à ceux que la population considère comme des intouchables sont recensées, apprend-on de source fiable. La réhabilitation de l'autorité de l'Etat passe par des actions ne tolérant aucun dépassement sur les biens publics. Et la population paraît adhérer allègrement à ces mesures qui en appellent d'autres, tant le mal est profond à Béjaïa. la mafia du foncier, qui n'éprouvait jusque-là aucune difficulté à s'accaparer des terrains domaniaux ou forestiers pour ériger des villas sans qu'elle ne soit inquiétée, doit réfléchir par deux fois avant de récidiver.