La célébration sera clôturée par un grand gala qui réunira un panel de chanteurs algériens. Yennayer 2016 a un goût particulier. Depuis l'existence de Tamazgha et les Etats successifs qui y sont passés, autochtones comme envahisseurs, jamais tamazight n'a été officiellement reconnu dans la gestion. Même sous le règne de Massinissa, le plus légendaire des rois berbères, les langues officielles étaient le latin et le grec. Les siècles passaient, tamazight, par les étrangers comme par ses enfants, était exclu du sérail. Il a toujours été cette brebis galeuse qu'il fallait cacher. Cette année, 2966 coïncidant avec 2016 du calendrier grégorien, tamazight est proposé par le président Abdelaziz Bouteflika, pour son officialisation dans la prochaine Constitution. C'est pourquoi Yennayer de cette année a un goût particulier. Cette date, qui marque le début du cycle annuel a toujours été célébrée à travers toute l'Afrique du Nord, de l'oasis de Siwa en Egypte jusqu'à la plus reculée des îles Canaries dans l'Atlantique, profondément ancrée dans la tradition populaire, mais jamais admise par les gouvernants. Aujourd'hui, l'Etat algérien célèbre officiellement Yennayer aux cotés du peuple qui le fête depuis des millénaires d'Annaba à Tlemcen et d'Alger à Tamanrasset. Ainsi, pour cette année 2966, Yennayer est doublement attendu. Ce sont d'abord, comme il y a plusieurs millénaires, les familles qui s'apprêtent à célébrer aujourd'hui au soir Yennayer par le rituel habituel. Sur toutes les tables, le plat est pratiquement le même, un bon poulet fermier au couscous. Hier déjà, beaucoup étaient en quête d'un poulet fermier, plus indiqué pour cette occasion. Les prix étaient trop élevés mais en trouver un était déjà un exploit et une raison de ne pas négocier. Pour en trouver, il fallait surtout suivre une autre piste. Il fallait surtout chercher du coté des ménages qui pratiquent l'élevage pour les besoins de la famille uniquement. Mais ce n'est pas un détail qui risque de gâcher une fête ancestrale. Peu importe le spécimen, pourvu que ce soit du poulet comme le veut la tradition. Les prix sont élevés ces derniers mois mais l'afflux est grand chez les vendeurs. Toutes les familles doivent acheter au minimum un poulet pour le diner d'aujourd'hui. Le dîner de Yennayer possède aussi la particularité de réunir autour d'une même table la grande famille. La soirée d'aujourd'hui appelée aussi «Imensi» n'Yennayer. Avec des spécificités régionales mais selon des rituels communs à toute Tamazgha, cette soirée est l'occasion aussi pour faire plaisir aux enfants. Le dernier-né de la famille devient, l'espace d'une soirée, le thème central. Par ailleurs, l'occasion est célébrée à travers les villages par des soirées culturelles et artistiques animées par le mouvement associatif local. Des galas sont attendus à travers les places des villages et les Maisons de jeunes. Un riche programme culturel est donc au menu. Au niveau de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, un riche programme est au menu. Inscrit sous le thème: une date, une repère national, une histoire millénaire, une journée d'étude a été au programme hier. Elle a regroupé des spécialistes qui ont animé des conférences. Le théâtre régional Kateb Yacine a programmé pour l'occasion la pièce théâtrale Massinissa et Sophonisbe. Pour la première fois, la place de l'olivier de la ville de Tizi Ouzou verra le départ du carnaval Ayrad auquel participeront des troupes venues de plusieurs wilayas du pays. Demain, premier jour de l'An amazigh, le public est invité à une grande waâda de Yennayer à la Maison de la culture. La célébration sera clôturée par un grand gala qui réunira un panel de chanteurs algériens. Enfin, il est à noter que la célébration de Yennayer 2966 qui coïncide avec l'annonce de l'officialisation de tamazight a un goût particulier. Les populations, bien que silencieuses, sont très contentes. La joie est perceptible et les discussions expriment ce sentiment qui a suivi l'annonce.