Précision. Au leader du FLN est venu s'ajouter celui du MPA pour contester l'enrichissement de l'article 51 de la Constitution par l'avant-projet de révision. Ces deux partis font partie de la majorité et non pas de l'opposition. Signe qu'ils ont, en toute bonne foi, mal interprété le texte. Mais aussi, ils ont, de toute évidence, pas bien saisi l'esprit de ce «nouveau pacte social rénové». C'est pourquoi, dans son intervention à l'issue du Conseil des ministres consacré à cette révision, le président de la République est revenu sur les objectifs de la Loi fondamentale revue et corrigée. «La révision constitutionnelle répond aux défis actuels et balise la voie pour les générations montantes, afin que s'affirme chaque année davantage, une Algérie résolument vigilante pour son indépendance et sa souveraineté nationales...» a-t-il, entre autres, souligné. Tout y est. Les «défis», les «balises», le «futur», la «vigilance», «l'indépendance» et «la souveraineté». Pour mieux comprendre le contenu de cette précision il faut savoir quel est cet enrichissement qui est venu compléter l'article 51. «... La nationalité algérienne exclusive est requise pour l'accès aux hautes responsabilités de l'Etat et aux fonctions politiques.» Voilà la phrase qui a «irrité» nos deux leaders politiques. Est-il vraiment difficile de comprendre la nature très sensible des «hautes fonctions de l'Etat»? Ne faisons pas l'économie de dire que nous sommes en plein coeur des centres de décisions du pays. Avec cette variante que les services de la présidence de la République ou ceux de l'armée sont, évidemment, plus sensibles que ceux du ministère de l'Environnement par exemple. Suite à quoi, l'information officielle a été donnée après le communiqué du Conseil des ministres, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a ordonné d'élargir l'article 51 du projet de révision de la Constitution en y ajoutant «La loi déterminera la liste des hautes fonctions de l'Etat.» En espérant que Saâdani et Benyounès auront compris que le mélange des genres sera évité. Et s'il fallait davantage de pédagogie, l'accès «aux fonctions politiques» n'est pas concerné par l'élargissement ordonné par le président. Et pour cause. Faire de la politique, au sein d'une formation ou en indépendant, c'est oeuvrer naturellement pour parvenir, à terme, au pouvoir. Des acteurs politiques comme Benyounès et Saâdani le comprennent mieux que quiconque. Et pour peu qu'ils superposent la précision apportée à l'article 51 aux nouvelles dispositions proposées pour l'accès à la magistrature suprême, ils trouveront toute la cohérence qui a présidé à l'élaboration de l'avant-projet de révision dans son ensemble. Ceci étant dit, il y a plusieurs points, autrement plus importants, dans cette révision. Parmi eux, celui qui touche directement le citoyen dans son intégrité, dans sa liberté et sa dignité. Fini la détention provisoire à tout-va. Fini «les traitements cruels, inhumains et dégradants contre les personnes». Fini l'instrumentalisation de la justice. Le juge et l'avocat seront désormais protégés contre les «interventions». Le justiciable pourra même saisir le Conseil constitutionnel. Il pourra faire appel du jugement du tribunal criminel. Et d'autres nouveautés de la même veine. Quelles formidables avancées! A ceux qui ne mesurent pas assez l'importance de ces garde-fous, parce qu'ils auront eu la chance d'avoir été épargnés par l'injustice et les abus de pouvoir, nous leur dirons simplement que «cela n'arrivait pas qu'aux autres». C'est un profond changement dans le droit fil de la consécration d'un véritable Etat de droit qui nous est proposé dans l'avant-projet de révision de la Constitution. Ceux qui le réduisent à l'enrichissement de l'article 51 devraient mieux s'expliquer. Pour éviter les fausses interprétations!