Le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a émis hier le souhait de la tenue d'une réunion extraordinaire pour trouver une parade à la dégringolade des cours de l'or noir. Le cartel sera-t-il contraint de réduire sa production pour éponger une partie du surplus d'or noir qui inonde le marché? Dans l'urgence, cela apparaît comme l'unique alternative pour stopper la chute des prix tout en espérant qu'ils puissent rebondir. L'option se précise. Elle est remise sur le tapis par le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui a émis, hier, à Abou Dhabi le souhait de la tenue d'une réunion extraordinaire pour trouver une parade à la dégringolade des cours de l'or noir. «Nous avions dit que si le prix atteignait 35 (dollars le baril), nous commencerions à examiner la convocation d'une réunion extraordinaire», a indiqué Emmanuel Ibe Kachikwu, ministre d'Etat nigérian pour les Ressources pétrolières, qui assumait la présidence du cartel jusqu'à la fin du mois de décembre 2015. Ce plancher a largement cédé. Les cours qui ont perdu plus de 30% de leur valeur en 2015 ont lâché plus de 15% depuis le début de l'année et menacent, d'après certains analystes, de chuter davantage. Hier en début de matinée, vers 7h 30 heure algérienne, le prix du baril a atteint à Londres un niveau plus bas à 30,43 dollars tandis que vers 15h30 à New York le «light sweet crude» (WTI) pour livraison en février tentait un léger rebond en grappillant 38 cents pour s'échanger à 31,79 dollars après avoir perdu près de deux dollars la veille pour se retrouver à son plus bas niveau depuis plus de 12 ans. La situation est plus que préoccupante. L'Opep prendra-t-elle la décision de serrer les vannes? Le cartel avance en rangs dispersés sur la question. L'unanimité sera difficile à faire surtout lorsque l'on sait que son chef de file s'y est farouchement opposé. L'Arabie saoudite qui s'est toujours prononcée pour le maintien du niveau de production de l'organisation (tout en se permettant d'ouvrir davantage les vannes) a décidé de livrer une guerre des prix féroce aux Américains dans le but de faire reculer leur production de pétrole de schiste. Une stratégie qui, finalement, n'a fait que contribuer à couler le baril. Une descente aux enfers qui n'est pas près d'être stoppée. Les experts l'annoncent. «Le marché restera sous pression tant que nous ne verrons pas de signes de la part de l'Opep... Les marchés vont continuer à chercher à toucher le fond», avait prédit Gene McGillian, chez Tradition Energy. Le président de l'Organisation reconnaît à demi-mot qu'une riposte unanime sera difficile à réaliser. Son initiative est encore au stade de balbutiements. «Je n'ai pas encore beaucoup parlé avec les ministres du Pétrole» de l'Opep, a-t-il fait observer, n'ignorant pas la difficulté qu'il aura à rassembler les membres du cartel autour de cette entreprise. «Un groupe sent la nécessité d'intervenir, un autre pense que même si on le fait, on ne représente que 30 à 35% de la réalité du marché pétrolier», a déclaré Emmanuel Ibe Kachikwu, ce qui met déjà sous haute tension cette hypothétique réunion extraordinaire. Sera-t-elle un coup d'épée dans l'eau? «L'Opep a fait un gros pari qui ne fonctionne pas jusqu'à présent, mais les dégâts sont déjà causés et ça ne voudrait rien dire de la part du cartel de réduire sa production désormais», juge Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com. Il va falloir s'attendre en tout cas à des prises de bec, vraisemblabement mémorables entre les «faucons» de l'Opep (Iran, Venezuela, Algérie...) défenseurs d'un prix du baril à au moins 80 dollars et l'Arabie saoudite qui a largement contribué à le faire couler...