Le seul et unique ennemi des Arabes reste et demeure Israël. L'Algérie, sur sa liste noire, le place en première position. Mais la guerre qu'Israël a livrée aux pays arabes, par trois fois, n'a pas fini de révéler tous ses secrets. L'intox, la manip, les opérations d'infiltration et de renseignement restent l'apanage des services de l'intelligence israéliens: le Mossad et le Shin Bet. Aujourd'hui, les Israéliens veulent donner plus d'«espace vital» à leur culture de l'expansionnisme. C'est pourquoi, le cinéma et la télévision sont devenus des armes de frappe par excellence. Aussi, si une série cartonne en ce début d'année sur la chaîne Canal+, c'est bien la série israélienne «False Flag», dont les deux premiers épisodes ont été diffusés jeudi dernier. Généralement les Israéliens ne sont pas de bons producteurs de séries, ils font plus l'actualité avec leur agression sur la Palestine et le Liban que sur le tableau de bord des séries de divertissement. Eh bien, depuis quelque temps, ils s'affirment comme de véritables créateurs de séries, mais seulement dans le domaine de l'espionnage. Comme le Mossad est l'un des services secrets les plus perfectionnés au monde, on s'emploie à en faire la promotion. «False Flag», qui signifie fausse bannière ou faux drapeau est une série créée par Amit Cohen et Maria Feldman, réalisée par Oded Ruskin et produite par Tender Productions. La série a été récompensée par le Prix du public de la meilleure série aux Séries Mania 2015. Présentée comme un véritable thriller, cette série met en scène cinq protagonistes accusés d'avoir enlevé le ministre de la Défense iranien qui était en visite secrète à Moscou. Ces cinq Israéliens, au profil ordinaire, se retrouvent à la Une des médias du jour au lendemain. Dépassé par les accusations, le spectateur découvre que ces citoyens, d'apparence normale, sont loin d'être ce qu'ils prétendent. Accusés d'être des agents doubles, une pression pèse à la fois sur le gouvernement israélien, le Mossad (le service secret) et le Shin Bet (le service intérieur, l'équivalent du FBI américain) qui nient toute implication d'Israël dans l'enlèvement du ministre iranien. Les critiques audiovisuelles ont tout de suite décrypté cette série qui s'inspire de l'assassinat d'un haut dignitaire du Hamas, Mahmoud Al-Mahboud, en 2010 alors qu'il était dans un hôtel à Dubaï. C'est le deuxième succès israélien pour une série télévisée après celui de «Hatufim» et de son adaptation américaine «Homeland». Pour la presse spécialisée, Israël s'est forgée une spécialité des thrillers sécuritaires qui passionnent le public israélien et qui s'exportent facilement. Au-delà de l'orientation de la série, il apparaît évident que les producteurs de cette fiction veulent dénoncer une certaine manipulation des services secrets israéliens. La tension entre le chef des enquêteurs qui dépend du Shin Bet, la sécurité intérieure et le patron du Mossad démontre qu'il y a un penchant des producteurs vers le bon côté de la force maléfique, comme dirait un fan de Star Wars. Les prochains épisodes de la série sont truffés de pièges et de faux-semblants. En tout cas, la série a fait une bonne audience sur Canal+. Après «Hostages» et «Le Bureau des Légendes», Canal+ poursuit son exploration du thriller et tient sans doute là sa meilleure production du genre. Les droits de «False Flag» ont été acquis par la Fox aux Etats-Unis et une adaptation made in US devrait être produite dans les mois à venir mais avec la sauce yankee, toujours aussi explosive. [email protected]