Le président de la République, chef suprême des armées Les enjeux du moment, la nature des conflits imposent une réadaptation des services de renseignement. L'Algérie veut redonner à la justice, aux droits de l'homme et aux libertés individuelles le rôle et la place majeure qui leur siéent. Comme attendu par les observateurs avertis, les services de renseignement algériens changent de nom avec l'ultime phase de restructuration. Désormais, Département du renseignement et de la sécurité, le DRS, s'appellera la «Direction des services de sécurité» (DSS) chapeautée par le général Bachir Tartag. Ce décret qui renomme le DRS en DSS institue ainsi, le poste de Coordinateur des services de sécurité et lui redonne de larges prérogatives. C'est ce que rapportent plusieurs sites électroniques ainsi que les télévisions privées. L'information a été confirmée par des sources sécuritaires crédibles. Ces sources indiquent que la nouvelle structure dont le siège est sis au Golf (celui de l'ancien ministère des Affaires étrangères) sera composée de trois départements chargés respectivement de la «sécurité intérieure, de la sécurité extérieure et d'une direction technique», ajoutant que la DSS, travaillerait en coordination avec la Gendarmerie nationale et la police. Ce changement a été annoncé en filigrane dans le numéro de la revue El- Djeich. Celle-ci a expliqué que les résultats positifs remportés dans la lutte contre le terrorisme, dans l'éditorial, sont le fruit «des changements opérés au niveau des structures organisationnelles de l'ANP, ainsi que certains changements et opérations de réorganisation et de structuration qui ont touché certaines de ses composantes». Autres temps, autres moeurs. Le DRS a fait son temps et aura marqué son époque. Quand la République chavirait face à un terrorisme féroce, cette structure, à sa tête le général Mohamed Mediene dit Toufik a joué pleinement son rôle et pris ses responsabilités. Le DRS a non seulement sauvé l'Algérie des griffes des extrémistes, mais toute la sous-région, ce qui lui a valu respect et considération des services de renseignement de la planète entière. Combien d'attentats déjoués, d'informations fournies dans le cadre de la coopération et de citoyens protégés? L'expérience algérienne a été admirée et citée en exemple aussi bien par la CIA américaine, la Dgse française, le MI5 britannique et le FSB russe. Mais les enjeux du moment, la conjoncture, la nature des conflits et les méthodes de lutte imposent une réadaptation des services de renseignement. L'Algérie n'est plus sous l'état durgence. L'Algérie veut redonner à la justice, aux droits de l'homme et aux libertés individuelles, le rôle et la place majeurs qui leur siéent comme le souligne bien le projet de la nouvelle Constitution. Ces changements décidés par le président de la République s'inscrivent dans le sillage des réformes engagées depuis plusieurs années. Tout a débuté juste après le retour en Algérie, le 16 juillet 2013, du président Bouteflika d'une longue convalescence au Val-de-Grâce en France. L'opération a pris deux longues années, preuve qu'elle a été menée avec beaucoup de doigté et une parfaite minutie pour ne pas perturber l'un des services les plus sensibles de la République. Le président Bouteflika a mis à la retraite en premier, le colonel Faouzi, surnommé le monsieur presse du DRS avant de dissoudre son service, le Centre de communication et de diffusion (CCD). La fonction de cette structure, comme les accréditations pour les médias étrangers, est depuis assurée par la Direction centrale de la sécurité de l'armée (Dcsa). En septembre 2013, le général Bachir Tartag qui dirigeait la Direction de la sécurité intérieure (DSI, contre-espionnage) a été démis de ses fonctions et remplacé par le général Bendaoud lui-même démis en juillet 2015. Dans le sillage de cette restructuration, la Direction de la sécurité intérieure (DSI) a été rattachée à la présidence de la République, de même que le général Tartag a rejoint la présidence de la République en septembre 2014, en qualité de conseiller du président Bouteflika, en charge des affaires de sécurité. En septembre 2013, le général M'henna Djebbar a été démis de ses fonctions et la Direction centrale de la sécurité de l'armée (Dcsa) qu'il dirigeait depuis 2005 a été placée sous l'autorité du MDN, absorbant ainsi toutes les prérogatives du DRS. Toujours en septembre 2013, la Direction de la documentation et de la sécurité intérieure (Ddse): elle a été rattachée à l'état-major en septembre 2013, et c'est le général Bouzit qui a été placé à sa tête. Arrive le tour de l'unité d'élite du DRS, sa force de frappe, le Groupe d'intervention spécial (GIS) qui change de tutelle puisqu'elle passe sous l'autorité de l'état-major. Et c'est en juillet 2015 que cette série a été clôturée avec le rattachement de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (Dgspp), à l'état-major de l'armée dépendant ainsi directement du chef d'état-major, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah. Cette structuration au niveau des différentes directions a connu dans le sillage des couacs, dont celui du général Hassan. Il a été mis à la retraite en 2013, puis placé sous contrôle judiciaire, avant d'être arrêté en août, à son domicile par une brigade de la gendarmerie et incarcéré à la prison militaire de Blida. Jugé le 26 novembre dernier, par un tribunal militaire d'Oran, il a été condamné à cinq années de prison. Avec la mise à la retraite du général Toufik, le DRS vivait ses derniers instants et la fin est intervenue ce 20 janvier 2016