Au vu de sa taille, le marché informel devrait être quantifié pour estimer son impact réel sur l'économie du pays. L'absence de statistiques fiables constitue un facteur limitant du développement de l'économie nationale. Les experts n'ont de cesse de mettre en avant le grave déficit dont souffre le Système national de l'information statistique (Snis). Cette information reste très parcellaire et souvent dépassée, lors de sa production par les canaux officiels. Les opérateurs économiques, au même titre que les décideurs avancent quasiment à l'aveuglette dans nombre de secteurs d'activité. Le ministre des Finances, dont le département a la charge de fournir la donne statistique à l'ensemble des acteurs économiques, donne l'impression d'être sensibilisé sur la question. Il a paru, en tout cas, concerné par la question, lors de la réunion, hier, du Conseil national de la statistique qu'il préside. D'emblée, M.Benkhelfa, dont l'autre mission est de résorber l'économie parallèle, a estimé nécessaire d'introduire le marché informel dans les statistiques nationales, histoire d'en quantifier le poids réel. «Nous devrions réfléchir pour que les statistiques couvrent à la fois l'économie formelle et l'économie informelle en matière notamment d'emploi, d'activité et de rémunération, et ce, pour que cette statistique donne une vraie photographie de l'économie nationale», a déclaré le ministre. Cela étant, la couverture de l'informel par les statistiques contribue également à «saupoudrer» la réalité économique du pays, en intégrant de nouvelles données dans le «panier» statistique, susceptible d'être au bénéfice du gouvernement, puisque pareil démarche est de nature à doper les résultats sur le terrain et pourrait même faire gagner quelques points dans la croissance. Il n'est certes pas question de soupçonner le ministre de «dopage» de l'économie du pays, mais il est clair qu'en affirmant que «la donnée statistique doit couvrir la réalité de l'économie algérienne indépendamment des formes et des segments d'intervention (formel et informel)», M.Benkhelfa donne l'impression de vouloir noyer le poisson. Cela étant, les observateurs de la scène nationale estiment pour leur part qu'au vu de sa taille, le marché informel devrait être quantifié pour estimer son impact réel sur l'économie du pays. D'autant que des techniques modernes développées à l'international permettent d'avoir une image assez proche de la réalité du marché informel national. Cela dit, quelles que soient les ambitions du gouvernement en matière de statistiques, la modernisation de son principal outil en la matière, à savoir l'Office national de statistiques, s'avère une mission prioritaire, à en croire le ministre des Finances. «Nous sommes en train de travailler avec les sphères internationales pour (aligner) nos instruments statistiques avec ceux du monde», a révélé M.Benkhelfa. On aura appris à l'issue de la réunion du CNS, qu'il n'existe pas encore d'interconnexion entre la statistique nationale de l'ONS et la statistique sectorielle des différents organismes et ministères. Une situation, disons-le burlesque, qui amène à constater l'absence d'un tableau de bord à même de conduire des stratégies de développement intersectoriel. Un ministre du gouvernement, nous avait d'ailleurs avoué son impuissance à mener à terme certaines actions en raison d'un grave déficit en information statistique sur son propre secteur.