Abdelhafidh Yaha dit Si Elhafidh membre fondateur du FFS Le deuil accable une fois de plus la nation algérienne et la famille des militants du Mouvement national. Capitaine de l'Armée de Libération nationale (ALN) et membre fondateur du Front des forces socialistes (FFS), Abdelhafidh Yaha dit Si Elhafidh, est décédé ce dimanche à l'hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris), apprend-on auprès de sa famille. «Si Elhafidh a été hospitalisé en urgence, il y a cinq jours à l'hôpital Bichat-Claude Bernard. Il était très fatigué et malade depuis longtemps. Il souffrait surtout du diabète, toutefois il montrait des signes de bonne santé et on a même parlé politique», ajoute un des membres de sa famille rencontré à la morgue de l'hôpital précisant que pour le moment aucune date n'est fixée pour son rapatriement, d'autant plus que son fils est en Algérie. C'est dire que le deuil accable une fois de plus la nation algérienne et la famille des militants du Mouvement national. L'Algérie se retrouve orpheline et enterrera ces prochains jours un autre de ses pères. Abdelhafidh Yaha, chef militaire, a sacrifié sa jeunesse au combat pour la lutte contre la domination coloniale durant la révolution 1954-1962. L'Algérie libre. Le combat de Abdelhafid Yahia ne s'arrêta pas pour autant. Il devint l'un des membres fondateurs du Front des forces socialistes (FFS) en 1963, signataire des accords du 16 juin 1965 avec le FLN pour arrêter la guerre fratricide qui opposait ceux qui avaient combattu main dans la main. Il s'affaira ensuite à un autre combat, celui de l'émancipation politique de l'Algérie, combattre le joug du parti et de la pensée unique, aider à faire reconnaître officiellement le FFS comme étant un parti légitime et lui accorder sa liberté d'expression ainsi qu'à tous les prisonniers politiques qui s'étaient alignés ou avaient combattu aux côté de Hocine Ait Ahmed. Son parcours reste tracé dans l'abnégation de soi, le combat et l'amour de son pays. Tout comme Hocine Ait Ahmed, la vie de Si Elhafidh ne fut qu'une sempiternelle lutte. Pour pouvoir ressentir l'âme et la flamme qui anime de l'intérieur ce grand homme qu'était Si Elhafidh, il est intéressant de lire ses Mémoires intitulées: «Le FFS contre la dictature», un livre publié aux éditions Koukou. Cet ouvrage nous donne un grand aperçu sur cette période totalement éclipsée par le régime et les manuels scolaires: les premiers mois juste après l'indépendance, l'euphorie collective, les joies de la liberté retrouvée malgré les grandes privations. Les grandes misères qu'eut à subir ce digne peuple enfin libre, car les caisses de l'Etat étaient absolument vides. L'Armée des frontières qui a envahi le pays pour prendre le pouvoir, la création du FFS et de ce fait, les premiers pas de cette nation naissante sur les voies du multipartisme par des patriotes décidés à s'opposer au coup de force du régime qui s'implanta. Le FFS rentre dans une longue période de clandestinité, il devient alors le premier mouvement d'opposition politique, et paradoxalement, il est réduit à reprendre la résistance armée dans le maquis. Débute ensuite la fameuse «guerre des sables», le Maroc tente d'annexer la région de Béchar, le FFS fera passer l'intérêt national avant les querelles politiques internes, une trêve sera décrétée et le FFS envoie ses troupes aux frontières pour «défendre l'intégrité du territoire» mise en danger. «Si Elhafidh», qui était connu pour avoir été l'un des plus fidèles lieutenants de feu Hocine Ait Ahmed, a exprimé, cependant, des «divergences» de vue sur la rencontre ayant réuni ce dernier au premier président de l'Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella à Londres en 1985. Il a fini par devenir le chef de file d'une dissidence l'ayant conduit à quitter le parti pour créer le Front des forces démocratiques (FFD), au début de la décennie 1990. Son parcours de militant actif dans les rangs de l'ALN et les maquis de la Wilaya III historique, il les consignera dans des Mémoires, de même qu'il consacrera un autre ouvrage à son expérience politique au sein du FFS. Né le 26 janvier 1933 dans le village Ait-Assou, Commune d'Iferhounene à Tizi-Ouzou, le défunt est issu d'une famille de révolutionnaires. Son père qui était un Novembriste dans la Wilaya III historique est décédé en chahid alors que sa mère, Ouadda Djedjiga, était également réputée pour son engagement révolutionnaire et était considérée comme l'une des figures féminines du militantisme anticolonial dans la région. Ses deux frères, Amrane et Larbi, sont des chahids et c'est aux côtés de leurs tombes que devra, désormais, reposer la dépouille de feu «Si Elhafidh», dans le carré des Ath-Illilten, l'un des archs de la région ayant consenti le plus de sacrifices humains pour la Révolution du 1er Novembre. Le président Bouteflika: «une grande perte» Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a adressé un message de condoléances à la famille du moudjahid Hafidh Yaha, décédé dimanche dernier, déplorant une «grande perte». J'ai appris avec consternation le décès du moudjahid, militant nationaliste et compagnon d'armes Hafidh Yaha», lit-on dans le message du chef de l'Etat pour qui «la disparition d'hommes de la trempe du défunt est une grande perte tant ils ont contribué, par leurs qualités et hautes valeurs, à changer le cours de l'histoire d'une nation tout entière qu'ils ont sortie de la nuit coloniale et portée aux plus hauts rangs de la dignité». Le président Bouteflika a rappelé que «le défunt a répondu, très jeune, à l'appel de la patrie affrontant moult risques et dangers pour la libérer du joug colonial». En cette douloureuse épreuve, le président de la République a adressé ses condoléances les plus attristées à la famille et aux proches du défunt ainsi qu'à l'ensemble des mou-djahidate et des moudjahidine, priant Dieu le Tout-Puissant de lui accorder Sa Sainte Miséricorde et de l'accueillir en Son Vaste Paradis.