L'ancien porte-parole du RND a eu à agir contre des dépassements de certaines chaînes, mais sans prendre de mesures coercitives. Le président de la République a pourvu les postes restés sans occupants dans le tiers présidentiel au Conseil de la Nation. Dans le lot des nouveaux sénateurs qui ont la confiance du chef de l'Etat, le nom du désormais ancien président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel a constitué la surprise. En effet, Miloud Chorfi est, de fait, éloigné de la présidence de la première instance de l'Audiovisuel national. On ne connaît pas son remplaçant, mais des sources bien informées avancent deux noms. Il s'agit de Zouaoui Benmadi, ancien directeur de la Radio nationale et Chaâbane Lounakel, actuel premier responsable de la même institution. Installé à la tête de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) en septembre 2014, l'ancien porte-parole du RND et homme de confiance de Ahmed Ouyahia a eu à agir contre certains dépassements enregistrés dans le champ audiovisuel national, mais sans prendre de mesures coercitives. Miloud Chorfi a convoqué quelques directeurs de chaînes de télévision pour une mise en garde verbale, par rapport à des programmes jugés incorrects. Il faut dire que toutes les mises en garde de l'Autorité ont été suivies scrupuleusement par les chaînes concernées. Le dernier document produit par l'Arav date d'hier seulement, où il a été question de faiblesse dans la grille des programmes, notamment. Dans son rapport, l'Autorité a pointé du doigt les manquements, dont «des fautes et défaillances dans la forme et contenu des programmes». L'Arav ne s'arrête pas là et estime que «la diffusion à grande échelle d'émissions de proximité à caractère social et politique, laisse entrevoir un mépris flagrant des règles de déontologie professionnelle et des règles d'usage dans le domaine de l'audiovisuel». Sans citer des chaînes précises, le document note que «plusieurs chaînes se sont transformées en tribunes de l'invective et de la diffamation pour des raisons qui, souvent, ne servent ni le citoyen ni la République, mais profitent à des cercles réduits et des intérêts personnels». Ce constat, plutôt très dur et qui suppose une réaction énergique de la part de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, est de loin le plus critique à l'endroit des chaînes de télévision privées. L'Arav souligne dans son rapport que «les lois sont claires et précises d'autant plus que de telles pratiques sont étrangères à nos us et à nos valeurs ancestrales», mais ne prend aucune mesure concrète pour mettre fin à ces pratiques. Au lieu de cela, le document estime que les comportements de ces chaînes «favorisent la violence, sèment la discorde et déstabilisent notre société et notre pays». Sans jamais nommer ces chaînes au point que l'on est amené à croire que ces pratiques détestables sont généralisées, l'Arav appelle au respect du public et des règles de déontologie professionnelle en vigueur dans le monde. Et de finir: «Les dépassements enregistrés relèvent d'une transgression flagrante des règles de déontologie et tombent sous le coup des lois sur l'information et de l'audiovisuel.» A la lecture de ce document qui résume 15 mois d'observation de la scène audiovisuelle nationale, l'on devine aisément que le successeur de Miloud Chorfi à la tête de l'Arav aura beaucoup à faire pour «moraliser» une profession qui semble, à voir le constat, très éloigné des normes en vigueur dans le monde.