La calligraphie travaillée autrement Il expose depuis samedi dernier et ce, jusqu'au 12 février sa nouvelle exposition intitulée «Les cercles vicieux» à la galerie du Centre commercial de Bab Ezzouart. Il s'appelle Fouad Bouatba. Il étudie à l'Ecole des beaux-arts de Dunkerque (France), annexe de celle de Annaba. Il expose depuis samedi dernier et ce, jusqu'au 12 février. A la galerie Ezoua' Art, il expose une trentaine d'oeuvres déclinées sous différents formats. La particularité de ces créations est l'utilisation de la calligraphie moderne, laquelle nourrit le tableau en lui insufflant une certaine aura esthétique et philosophique, un sentiment et une exubérance qui dépassent le sens littéral à proprement parler. En effet, notre jeune artiste se plaît à écrire avec rapidité, en formant un cercle de mots indéchiffrables car infiniment petits, le tout enveloppant une toile qu'il peint en noir à l'aide de l'acrylique. Qu'elle soit en or ou en noir sur blanc, cette calligraphie donne à voir un art abstrait qui impute à l'oeuvre une dimension artistique nouvelle, loin des carcans classiques dans lesquels est cantonnée la calligraphie arabe. A côté, le public peut aussi être admirablement surpris par cette femme en haïk vaquant à ses occupations, avec comme toile de fond blanc, surgissant comme un arc en ciel, encore des mots en arabe. Un dessin peint en acrylique. Les mots choisis par notre jeune apprenti-calligraphe sont en quelque sorte avoue-t-il, des inspirations poétiques, des extraits de textes de poèmes de Khalil Gibran Khalil et Mahmoud Darwich entre autres. A côté, trône au milieu de la galerie un gros ballon en chiffons. Un patchwork de tout et de rien, composé, outre de tissus, de morceaux de basque. On peut distinguer aussi des mots annotés sur ce gros ballon fait à la main, des mots tirés du vocabulaire du harrag comme «makach taechira» (il n'y a pas de visa Ndlr) notamment. En face, nous apercevons d'autres oeuvres où cette fois, la calligraphie se veut encore plus petite. L'artiste s'est essayé non seulement à la jouer avec la géométrie de la lettre, mais encore à retravailler son cadre de façon à coller au centre des cercles ou carrés qui partent du milieu en s'élargissant. Un support qui a une signification sans doute mais encore les couleurs et le choix des feuilles colorées sur lesquelles l'artiste utilise la gouache pour peindre. Sans se l'avouer, l'artiste nous invite à pénétrer notre âme et sonder nos pulsations tel un derviche qui tourne autour de son orbite pour atteindre paradoxalement la plénitude et le firmament spirituel d'où cet intérieur organique chromique. Notre jeune artiste donne à voir en tout cas un intérêt certain pour l'encadrement qui fait partie intégrante et complémentaire à la compréhension de l'oeuvre, même si cela ne peut être «dénoté» au premier abord, si ce n'est son caractère formel qui impute toute la beauté à ces signes intrinsèques au message de l'humain. Ce dernier peut être changeant et mobile comme ses sentiments emblématiques et profonds et peut être aussi le coeur du monde. Né en 1984 à Annaba, titulaire d'un diplôme national des beaux-arts Dnba spécialité peinture ainsi qu'un certificat d'études artistiques générale Ceag Bouatba Fouad est actuellement étudiant en 3ème année à l'Ecole supérieure d'art de Dunkerque ESA. Il a participé à de nombreuses expositions collectives et personnelles, ainsi qu'à plusieurs événements. Dans son travail, nous apprend-on, il utilise une variété de techniques (vidéo, sculpture, photo, peinture, dessin, la perfor-mance), il est par ailleurs intéressé par tout ce qui touche aux nouveaux médias, liés à la politique ainsi qu'aux faits de société, plus précisément aux préoccupations d'ordre général, et qui sont les «mieux» partagés au monde. «Les cercles vicieux»est le titre de son nouveau travail artistique, lequel s'inscrit dans le cadre de la calligraphie arabe moderne, une esquisse de son parcours dans le domaine de l'art, beauté particulière à ce travail. Un travail élaboré avec minutie, telle une performance à saluer vraiment.