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Entre équilibre et provocation
GONZALO CORREA À LA GALERIE MOHAMED-RACIM
Publié dans L'Expression le 19 - 09 - 2002

De l'acrylique surgissent des signes qui donnent toute son épaisseur à l'oeuvre. Une matière à découvrir...
L'art pictural chilien est à l'honneur, depuis mercredi dernier à la galerie Mohamed-Racim. En effet, sur initiative de l'ambassade du Chili avec le concours de l'Union nationale des arts culturels (Unac), une exposition picturale de l'artiste-peintre Gonzalo Correa se tient actuellement et ce, jusqu'au 25 septembre.
Dix-huit peintures murales de différents formats ornent les cimaises de cette galerie. Des peintures réalisées avec une technique artisanale employant l'acrylique comme matière et la toile comme support. Les couleurs sont chaudes, agressives qui interpellent le regard avec une prédominance de bleu et de rouge et un tantinet de jaune. Les oeuvres sont complexes, faisant appel à un idéogramme du plus bel effet ponctué de signes expressifs ou symboliques. La main du graphiste Gonzalo Correa, y est passée pour sculpter ces créations.
Un travail minimaliste d'un vrai artiste. Ayant vécu en Egypte entre 1999 et 2000 et réalisé un ensemble d'oeuvres intitulé Acrylic qu'il présentera d'abord, à l'Egyptian Centre for international cultural coopération, au Caire, puis lors d'une exposition collective à l'institut Cervantès du Caire, les oeuvres présentées à la galerie Mohamed-Racim se situent ainsi dans la continuité des recherches initiées en Egypte et proposent une suite logique à son exposition «Acrylic». Les peintures sont divisées, notamment quadrillées. «Mon travail initial un peu chaotique, anarchique trouve son équilibre, ce qui peut être étrange, dans cet aspect d'ordre et de rangement», explique Gonzalo Correa et d'ajouter: «C'est un contre-point, toutes ces couleurs, ces signes ambigus sont le fruit indépendant de mon état. Chaque tableau doit être le résultat de la spontanéité de l'artiste». Pour l'artiste, il ne faut pas se contenter de contempler et de voir uniquement le tableau, il faut poser un certain regard sémiotique, esthétique, s'interroger en dépassant le visible pour accéder à l'indirect apparent, autrement dit, il faut transcender le visuel brut, il faut poser un regard neuf. «C'est quelque chose de ludique, essayer de comprendre la signification de tel ou tel tableau en décryptant ses signes comme dans un livre où on tente de sonder la trame d'une histoire.» Abstraite, «décorative», la peinture murale du Chilien Gonzalo Correa est un trompe-l'oeil qui se donne à lire et à déchiffrer car basé beaucoup plus sur le graphisme et le dessin.
Cette dernière discipline Gonzalo la connaît très bien pour avoir réalisé de 1988 à 1991 à partir des dessins de l'artiste Alejandra Izquierdo, les dix-neuf peintures murales qui ornent la crypte de l'église consacrée à Teresa de Los Andes en Chili. Au cours de l'année 1991-1992, il étudie les techniques de l'icône russo-byzantine avec le professeur Isabel Phillipi.
C'est durant cette période qu'il peint un triptyque pour le portique de l'église del Perpetuo Socorro à Santiago du Chili. En 1992-1993, il édite Murales, un livre qui décrit les divers aspects qui ont accompagné l'exécution des 19 peintures murales de l'église de Los Andes. Il participe parallèlement à différentes expositions collectives et individuelles. C'est grâce à une bourse, octroyée en 1993 par l'institut italo-latino-américain qu'il poursuivra ses études à l'Académie des Beaux-Arts de Florence (Italie).
Au cours de cette période, il réalise la série «Segni», dessins qui font à présent partie de la collection de la galerie Aurelio Stefanini à Florence. De retour au Chili, en 1995, il est invité à concevoir et à exécuter des peintures pour la coupole et l'abside du sanctuaire de Sainte Teresa de Los Andes. Parallèlement, il présente une exposition intitulée «Dibujos». En 1997 et 1998, il peint, puis inaugure une exposition individuelle au Centre culturel de Montecarmelo à Santiago du Chili. Depuis l'obtention de son diplôme de graphisme en 1987, l'artiste n'a cessé de créer et de s'inspirer des différentes cultures côtoyées lors de ses nombreux voyages. Pour lui, l'art doit provoquer une réaction, susciter un questionnement «je veux apporter une nouvelle façon de voir chez le visiteur», confie-t-il. Comme un touriste qui pénètre dans une ville étrangère, le public est exhorté à pénétrer dans un univers nouveau, à se balader...«Il y a un mystère à découvrir. C'est interpeller, mais aussi rappeler à la mémoire certaines formes d'un état spirituel ou une situation donnée. Bref, il faut être ouvert à la découverte!», indique l'artiste.


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