«Cette révision est inutile, elle entretient et aggrave la crise actuelle du pouvoir.» A travers le communiqué sanctionnant la réunion de son bureau politique tenu hier, Ali Benflis déplore «le passage en force (...) auquel a eu recours le régime pour imposer au pays une révision constitutionnelle controversée, diviseuse et foncièrement inutile». «Au lieu de rassembler et de consolider le consensus, la Constitution révisée a introduit de nouvelles fractures dans la société algérienne.» Cela s'illustre tout d'abord par «les vastes réactions de doute, de suspicion ou de rejet qu'elle a provoquées au sein des forces politiques et sociales de même qu'au sein des mondes académiques et médiatiques», relève-t-on. En second lieu, «la révision constitutionnelle a été, tout au long de son parcours, le produit d'institutions notoirement dépourvues de légitimité et de ce fait, elle est le produit illégitime d'institutions elles -mêmes illégitimes». Troisièmement, «conçue comme une vaine tentative de régler les seuls problèmes du régime politique en place et non de ceux du pays, la révision constitutionnelle laisse sans traitement véritable la crise de régime actuelle». Cette crise se manifeste à travers «un pouvoir personnel vacant, l'accaparement du centre de la décision nationale par des forces extra- constitutionnelles, qui a conduit à leur dislocation et l'illégitimité de l'ensemble des institutions». Par conséquent, «la révision constitutionnelle qui occulte l'impérative nécessité du règlement de cette crise de régime ne fait, au bout du compte, que l'entretenir et l'aggraver». Quatrièmement, «la Constitution révisée est celle d'un régime politique finissant; elle n'est pas celle de l'Etat démocratique que l'Algérie attend et à laquelle le peuple algérien aspire», lit-on sur ce document. La Constitution que le pays attend «sera l'oeuvre d'autorités et d'institutions légitimes et représentatives dans le cadre d'une transition démocratique dont le but sera d'assurer le passage consensuel, ordonné et apaisé d'un personnel en bout de parcours à un Etat de droit bâti conformément aux normes universelles reconnues et admises», indique-t-on. D'après ce communiqué, «un Livre blanc sur le coup de force constitutionnel du 7 février 2016, sera rendu public lundi prochain à l'effet d'informer des dépassements, des dérives et des desseins inavoués de cette révision constitutionnelle». Le BP a réaffirmé «la disponibilité constante de Talaie El Hourriyet à apporter sa contribution au succès du IIe congrès de l'opposition qui vise à élargir et consolider ses rangs autour du projet commun de transition démocratique». Par ailleurs, on estime que «l'aggravation de la crise de régime, l'ampleur de la crise économique ainsi que les coûts sociaux de cette crise requièrent de l'opposition nationale une mise en conformité de sa démarche avec les enjeux induits par la gravité des développements politiques, économiques et sociaux que le pays connaît».