Durant l'année 1999, 26 605 femmes ont été répudiées. En 2001, M. Ahmed Ouyahia (ex-ministre de la Justice), a déclaré pour la première fois devant un parterre de députés, qu'entre 1994 et 1999, 144 777 cas de divorce ont été enregistrés. Durant l'année 1999, 26 605 femmes ont été répudiées. Ces chiffres accablants démontrent, en effet, que l'application du code de la famille adopté en 1984, dans le plus grand secret et comme à l'époque médiévale dans les traditions totalitaires, a fait des ravages au sein de la société algérienne. A Tizi Ouzou, les femmes jetées à la rue avec leur progéniture sont nombreuses. Les villages peuplés de la wilaya de Tizi Ouzou sont de plus en plus envahis par des femmes (malheureuses), la pudeur a finalement cédé devant la nécessité de vivre dans une Kabylie qui se caractérisait naguère par le sens de l'honneur. En fait, il n'y pas une commune où l'on ne remarque des femmes divorcées rôdant quotidiennement, de jour comme de nuit, dans des ruelles sombres et pâles de la ville. Des femmes mal habillées et fatiguées par la vie tendent la main aux passants qui les regardent avec une indifférence méprisante. « L'aumône, monsieur, le Bon Dieu vous le rendra » est la phrase presque conventionnelle qu'on entend souvent de la bouche de ces femmes. Des phrases très émouvantes qui font arracher quelques dinars aux passants. Elles sont nombreuses ces femmes qui vous surprennent dans la rue Lamali Mohamed et à la gare routière, sur les passerelles, le regard vide, trimbalant des enfants sous la pluie. N. S. est l'une de ces femmes jetées à la rue, avec ses cinq enfants. Les plus jeunes sont sur ses genoux. Elle a accepté de nous raconter son histoire sous couvert de l'anonymat. Son « propre » mari l'a répudiée en 1994 après qu'elle lui eut refusé la polygamie. Son père étant décédé, ses frères ont refusé de la prendre en charge. La loi n'a pas non plus été de son côté, puisqu'elle a fini par quitter le domicile conjugal. C'est donc ainsi qu'elle s'est retrouvée avec ses enfants à la rue, sans logis et sans revenus. Il ne faut pas cacher la vérité, finit-elle par avouer tristement, les divorcées sont jetées à la rue sans aucune prise en charge par l'Etat, elle nous apprend en outre que certaines d'entre elles trouvent refuge dans des abribus, histoire de se rassembler. Elles sont victimes du code de la famille et d'une société sans âme ! Y. M.