Localité de 8000 habitants, située à quelques encablures de Beni Saf, ville côtière de la wilaya d'Aïn Témouchent, Sidi Safi vient de vivre deux chaudes journées marquées par des manifestations qui ont paralysé l'activité de ce village et bloqué la circulation en direction du chef-lieu de wilaya. Tout a commencé, samedi dernier vers 15h, quand des groupes de jeunes du quartier des Frères Bentata se sont mis à scander des slogans hostiles aux élus pour dénoncer le laisser-aller et la mal vie qui caractérisent leurs conditions. Le logement, le transport, l'emploi et l'état des voies de communication constituent quelques-unes de leurs principales préoccupations. La protesta s'est amplifiée dimanche, en prenant de sérieuses proportions, lorsque des jeunes d'un autre quartier, celui d'El Hamri, ont rejoint les premiers trublions, prêts à en découdre avec les forces de l'ordre, venus en renfort dégager les routes bloquées à l'aide de pneus brûlés, de pierres et divers moyens ramassés sur place. Les policiers ont dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui réclamaient le départ du maire. Ce dernier a tenté de nouer un dialogue avec quelques-uns d'entre eux, mais craignant pour sa personne, a fini par se réfugier dans son bureau. Ce sera le chef de daïra par intérim, le titulaire ayant pris un congé de détente, qui mènera les conciliabules. Ces revendications ont concerné essentiellement la situation qui prévaut au niveau de la voirie des quartiers frondeurs, à l'image d'El Graba et l'ex-village Chleu qui, par le passé, abritait une importante main-d'oeuvre provenant du Maroc et attirée par le travail de la mine. Par ailleurs, d'autres citoyens ont jugé insuffisants les 12 millions de centimes accordés par l'Etat pour l'amélioration de l'habitat précaire. L'exposé de ces griefs n'a pas empêché le mouvement de protestation locale de se redéployer pour menacer carrément les édifices publics de Sidi Safi, d'autant que, suite aux intempéries, une panne d'électricité s'est produite, rendant difficile l'intervention des services de sécurité, présents sur les lieux dès le déclenchement des hostilités. Pour l'instant, les choses semblent avoir repris leur cours normal. Sidi Safi est en train de faire le point. Coup de semonce ou crise latente qui annonce d'autres rebondissements?