La catastrophe de 2003 est encore en mémoire Un dispositif normatif de construction parasismique existe en Algérie. A défaut de prédire le séisme, la protection des vies et des biens nécessite de concevoir et de construire en parasismique. Les règlements de construction en zones à risques énoncent des paramètres sismiques, et les dispositions constructives à adopter pour un comportement sécuritaire face à la survenance d'un tremblement de terre. La réalisation d'une structure parasismique nécessite un contreventement efficace. Cette technique est obtenue par une disposition adéquate des éléments de contreventement devant résister à la sismicité. Faut-il donc souligner que la construction parasismique doit être une volonté de chacun avant d'être une obligation réglementaire? Dans cette optique, un nouveau règlement parasismique «plus riche», destiné à aider les opérateurs sur le terrain, verra le jour au cours du second semestre 2016, a annoncé samedi dernier, le directeur du Centre national de recherche appliquée en génie parasismique, Mohamed Bellazougui. Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, M. Bellazougui a indiqué que ce règlement, pratiquement achevé, nécessite encore deux ou trois séances aux groupes de travail spécialisés. Il a souligné qu'une fois adopté par la commission technique permanente pour le contrôle technique, il sera publié au Journal officiel. Bellazougui a expliqué aussi que cette nouvelle version, «beaucoup plus étoffée» et «mieux utilisable», est destinée à aider les opérateurs sur le terrain et les ingénieurs pour appliquer «correctement» les règles de la construction parasismique. Concernant la conformité des constructions en Algérie aux normes parasismiques, il a affirmé que toutes celles érigées depuis 1981, date de l'élaboration du premier règlement parasismique algérien, là où un bureau d'études et une entreprise sont intervenus, «y sont conformes à 95%. S'agissant des récentes secousses récurrentes dans la région de Hammam Melouane, Bellazougui les a imputées à l'existence de trois segments de faille dans la région, «l'une de Blida, qui se termine à Hammam Melouane, l'autre de Khemis El Khechna et une troisième qui leur est perpendiculaire.» Il a fallu attendre le séisme de 1954 à El Asnam, actuellement Chlef, pour que soit adopté en 1955 un code de construction parasismique spécifique. Durant les années 1980, marquées notamment par les séismes de Constantine (1985) et de Tipasa (1989), le premier Règlement parasismique algérien (RPA) a vu le jour. Précédé par une réglementation en 1976-1979, avec la collaboration d'experts et universitaires algériens et américains, il a été révisé en 1981, 1983 et 1988. En 1999, après le séisme de Aïn-Témouchent, le RPA a été révisé en matière de «zonage sismique» et une autre fois après le séisme dévastateur de Boumerdès en 2003. Des mesures parasismiques ont été alors imposées aux nouvelles constructions toutes confondues. Le dispositif normatif parasismique existe donc officiellement en Algérie et régit le processus de construction, même si son application reste «insuffisante et tributaire (...) de l'efficacité du contrôle et de la vérification des matériaux de construction». Toujours est-il que ces normes demeurent loin des standards internationaux. Conçues durant les trois dernières décennies, les normes de construction algériennes sont dépassées dans la mesure où elles appartiennent à la «première génération» affirme un expert, et celui-ci d'ajouter que le risque d'un séisme superficiel d'une intensité et magnitude supérieure à 6, voire 7 sur l'échelle de Richter, plane encore sur les grandes villes dont Alger. Il provoquerait des dégâts matériels et des pertes humaines incommensurables. A ce propos, la nécessité de normes spécifiques pour l'expertise, la réhabilitation et le confortement du vieux bâti s'imposent. Mais, regrette cet expert, l'absence de laboratoire de génie sismique opérationnel, effectif et associant chercheurs, universitaires et experts dans ce domaine, est pénalisante.