Yessaâd M.et Farid R.sont poursuivis pour vol, port d'arme blanche et coups et blessures volontaires. C'est le jeune Adel F. qui les a confondus devant Bahia Tobi qui domine le sujet. Les deux repris de justice auraient attendu dans un bosquet près du Palais de la culture (Kouba) en janvier 2004 vers 19h et 19h 30. La victime reprend les faits. Une horreur ! L'avocat de Yassaâd tente le coup du doute. Le clou, c'est que Adel est sûr de ses dires. Ce beau gosse au corps d'une statue grecque, gesticule. Il fait et dit tout à haute voix pour tenter d'intimider l'imperturbable présidente, pressée d'en finir avec ce dossier, clair comme de l'eau de roche. Elle, en magistrate rompue aux déclarations tonitruantes des inculpés, sait de quoi cela retourne. Elle invite Adel à raconter les faits. Le jeunot respire, expire, gonfle ses joues en implorant Allah et débite le récit de l'agression d'un trait: «J'ai été carrément braqué par ces deux jeunes debout à ma gauche. Je portais deux bijoux : une bague à l'auriculaire et un pendentif en or. Lorsqu'ils m'ont pointé les deux poignards sur le bas de la gorge (il mime le geste meurtrier), ils ont exigé que j'ôte la bague et le collier. En s'apercevant que je résistais l'un d'eux ma donné des coups de couteau (dix-sept points de suture au ventre et à la hanche). J'étais à terre. Je me suis relevé. J'ai couru tout en sang vers la brigade de la GN où j'ai déposé plainte contre ces deux que j'ai très bien décrits», a raconté Adel dans un silence «assourdissant». Tobi la juge a posé cent questions juste pour vérifier les dires de la victime qui n'en revenait pas, juste après que Farid et Yessaâd eurent soutenu qu'ils n'ont jamais vu ce gars. Yessaâd est allé plus loin. «Je ne les connais pas». La présidente fait les gros yeux: «Qui c'est ça ‘'les‘' ? mon codétenu et Adel. La juge demande à Yessaâd de cesser ce jeu risqué. «Le tribunal vous a demandé si vous reconnaissez la victime, pas votre copain», tonna-t-elle, alors que Naïma Dahmani la procureur, garde le silence en restant attentive à tout ce qui s'est dit jusqu'au moment où l'avocat, Me Slimane Ouragh, le défenseur de Yessaâd, entre en scène en posant des questions à la victime en vue de semer le doute dans l'esprit du tribunal. Rien n'y fit. Les deux inculpés étaient bel et bien confondus. Adel tient le bon bout «oui, ils m'ont agressé» dit-il pour la vingtième fois. La charmante Dahmani cille des yeux et requiert trois ans d'emprisonnement ferme. Me Ouragh plaidera avec beaucoup de persuasion et de passion. «Ce jeune a certes été attaqué devant un bosquet aux Annassers, mais il ne pouvait pas voir ses agresseurs. N'importe qui irait sur les lieux du drame, est incapable de reconnaître quelqu'un en janvier à dix-neuf heures et quelques. Je demande au tribunal de bien peser les dires de la victime, ceux de mon client Yessaâd qui a nié toutes les étapes du procès. La relaxe au bénéfice du doute au moins est vivement souhaité» marmone le conseil qui devra attendre la fin de l'audience pour prendre connaissance du verdict, lequel a été mis en examen sous huitaine, le temps pour la présidente de mieux se pencher sur les arguments des uns et des autres surtout que Me Ouragh avait mis beaucoup de pression sur le doute car le méfait s'est déroulé en hiver et dans la nuit noire. Voire... l'obscurité, une circonstance douteuse?