Le Parlement turc n'a pas réussi à se mettre d'accord sur une réforme de la Constitution en raison de divergences sur la présidentialisation du régime exigée par le président Recep Tayyip Erdogan, a indiqué hier une source parlementaire. Le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a quitté mardi soir la troisième réunion de la commission chargée de plancher sur une nouvelle loi fondamentale, selon la même source. Le président du Parlement, Ismail Kahraman, a dans la foulée immédiatement démantelé la commission. «Nous ne sommes pas parvenus à un consensus. Comme nous n'avons plus les moyens de travailler ensemble, cette commission est dissoute», a déclaré M.Kahraman, cité par la presse locale. Cette instance, composée de 12 députés issus des quatre partis représentés à l'Assemblée nationale, avait entamé ses travaux le 3 février. En 2013 déjà, le Parlement n'avait pas réussi à rédiger une nouvelle Constitution pour remplacer celle héritée de la junte militaire après le putsch de 1980. Depuis son élection à la tête de l'Etat en 2014, M. Erdogan, qui a dirigé auparavant le gouvernement pendant onze ans, milite avec insistance pour une présidentialisation du système politique turc, qui accorde au Premier ministre l'essentiel du pouvoir exécutif. Mais ses rivaux s'opposent catégoriquement à un renforcement des pouvoirs d'un président. Le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan a remporté la majorité absolue lors du scrutin législatif du 1er novembre. Mais avec 317 des 550 sièges de députés, il ne détient pas la majorité qualifiée nécessaire pour organiser seul un référendum ou faire voter une réforme constitutionnelle. Selon les commentateurs, l'homme fort du pays pourrait se servir de cet nouvel échec pour reconvoquer des élections législatives dans le courant de l'année afin d'y arracher la majorité qualifiée nécessaire au Parlement pour organiser un référendum (330) ou amender seul (367) la Constitution.